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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 14:01

J'aurais pu vous parler de la froidure shanghaïenne, des préparatifs du Nouvel An Chinois ou encore de ma dernière trouvaille.

 

Je voulais et j'aurais du le faire. Mais je ne le ferai pas.

 

Pourquoi?

 

Parce que je suis révoltée. 

 

Il y a quelques instants de cela, je remontais tranquillement ma rue, la Fu Xing lu (复兴路), cette immense voie à sens unique pour les voitures mais qui dispose d'une piste à contre-sens pour les deux roues.

 

Plongée dans mes pensées, je pensais à mon prochain billet, réfléchissant à mon thème, à la manière de l'aborder. Je ne prêtais pas attention aux silhouettes autour de moi: des hommes fumaient sur le trottoir, une jeune femme sortant d'un bar qui se précipite sur la route le bras levé pour héler un taxi.

 

A ce moment précis, un bruit m'extirpa de ma bulle, plutôt un impact. Cherchant son origine, je continue mon chemin, tourne la tête et vois alors sur le bitume, un scooter renversé en travers de la route et un corps, inerte.

 

La jeune femme de la scène précédente, inconsciente, gisait à même le sol la figure ensanglantée: elle venait de se faire renverser. 

 

Le conducteur du scooter, lui aussi sonné, tentait sans résultat de dégager de la voie cette drôle de poupée désarticulée, qui s'était jetée sous ses roues quelques instants plus tôt.

 

Je tentais pour ma part de secouer, de parler à cette candidate involontaire au suicide, une trentenaire, occidentale anglophone, qui avait, à vue de nez, bien arrosé sa soirée. 

 

Elle revint peu à peu à elle, enfin, suffisamment pour qu'à nous deux, avec le conducteur, nous l'évacuions de la route où taxis, voitures et vélos tentaient de reprendre leurs droits, klaxonnant de mécontentement.

 

Tenant d'un bras, le sac de la blessée, la soutenant de l'autre, ahurie, je me suis alors sentie dépourvue, inutile. Je n'avais pas le numéro des secours, je ne savais pas me faire comprendre en chinois pour monter dans un taxi et l'emmener à l'hopital le plus proche. 

 

Finalement, malgré mon insistance devant son visage tuméfié, la jeune femme n'a pas voulu aller se faire examiner. Elle est repartie en taxi sans se retourner. 

 

Quant aux témoins de la scène apparemment tous manchots et muets, PAS un seul n'a daigné bouger, l'aider, amener un siège, utiliser son portable, pour appeler une ambulance, un docteur... RIEN! J'ai du asseoir l'accidentée par terre pour demander de l'aide dans un bar voisin!

 

Voilà pourquoi ce soir je suis révoltée. Révoltée par cette indifférence, cette lâcheté, cette curiosité malsaine de ces individus, spectateurs du désespoir. Chinois, comme occidentaux représentés d'ailleurs en nombre, aucun n'a levé ne serait-ce que le petit doigt.

 

Je suis révoltée autant contre eux que contre moi-même: je n'ai pas moi-même pas été capable d'aider de manière optimale une personne en détresse, de pouvoir agir. Qu'aurais-je fait si l'accident avait été plus grave? Si la vie de cette jeune femme avait été en jeu? 

 

Aussi, pour que ce billet, ne soit pas non plus qu'un simple récit, "Action, réaction"!

 

Pour que cette révolte ne soit pas vaine, voici, en ligne, le kit minimal de sauvetage en chinois :

 

 

Pouvez-vous m'aider, s'il vous plaît?  =

       

 

 

 

请 帮助 我 ?

Qing bang zhu wo?

[Ching] [ban] [joo] [wo]?

 

Appelez une ambulance/ un docteur!  =

 

 

 


请 叫 救护车/医生!

Quing jiao jiùhùche/yisheng!

[Chin] [tjiao][tjuhutche]/[yichen]


Je veux aller à l'hôpital.  =

 

 

 

 

 

我想去医院.

Wo xiăng qù yuyuàn.

[Uo] [chian] [ku] [yuyuan]


Les numéros d'urgence

(qui ont en théorie des opérateurs

qui parlent anglais)

 - Ambulance : 120

 - Pompiers: 119

 - Police: 110

 

N'hésitez pas à compléter cette liste!

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 00:00

J'en avais entendu parlé mais ne l'avais jamais vu, de mes yeux vu, telle une légende, une chimère.

 

M'en remettant, une fois n'est pas coutume à un saint, Thomas en l'occurence, j'attendais de le voir pour le croire. Je l'ai donc attendu. Je l'ai même attendu longtemps. Mais ce midi fut le bon, le moment, la révélation: il existe bel et bien. Au détour d'un couloir à la sortie d'un ascenseur, je l'ai aperçu, furtif, aussi rapide que l'éclair. 

 

Avec son paquetage sur le dos, son habit rouge et ses bottes, il avait les bras chargés de paquets, de toutes les tailles et couleurs, à destination d'impatients garnements qui lui avaient passer commande.

 

Vous voyez de qui je veux parler, bien sûr?!

 

Je vous parle évidemment et sans aucune ambiguité: du livreur de Mc Do avec son jaune M sur le dos! Incroyable mais vrai, les hamburgeurs en Chine sont délivrés à domicile, au bureau, où cela vous chante.

 

Pas que je sois une adepte de Ronald, bien au contraire: je ne vous ferai pas l'apologie du Mac Truc made-in-China qui, conséquence de la standardisation alimentaire, pour ce que j'en ai vu et senti, est exactement le même que celui de Paris, New-York, Buenos Aires ou Abu Dhabi.

 

Qu'un hamburger soit vendu à Shanghai n'a pas grand chose d'étonnant, plus surprenant est le concept de livraison.

 

La livraison de denrées alimentaires est en effet courante. Des armadas de livreurs sont ainsi sur les routes à toute heure du jour et de la nuit, car bon nombre des enseignes de restauration rapide sont ouvertes 24H/24H.

IMG_3739.JPG

Sur leur vélos électriques suivis de leurs énormes bacs isothermes aux couleurs reconnaissables entre toutes, ils arpentent trottoirs et rues pour délivrer en chaleur et temps voulus leur précieuse cargaison.

 

Mais ce n'est pas tout, des marchands ambulants quadrillent aussi la ville, se posant aux sorties des métro ou au coin des rues pour vendre là du tofu sauté, du jus de canne, ici des beignets de légumes.

IMG_3521.JPG

 

D'autres, itinérants, sillonnent les couloirs du métro avec des nacelles d'équilibriste remplies de fruits secs, de nougats, ou de légumes.

 

En d'autres termes, impossible de mourir de faim dans la Métroploe Shanghaïenne: si vous n'allez pas à la nourriture, c'est la nourriture qui viendra à vous! Pour tout et n'importe quoi, les denrées cuisinées comme les matières premières, les inertes comme les vivantes.

 

Ainsi, outre les raviolis, les poissons et les fruits, j'ai pu croiser des bouchers, sur leur vélo, offrant volailles vivantes et découpe à la demande. Une découpe qui se fait à même le trottoir, devant l'entrée de sa maison, au vu et su de tous. 

IMG_4936.JPG

 

Un concept de livraison à grande échelle qui a de quoi étonner. Pour ma part, il m'interpelle dans son principe. La livraison a certes des avantages indéniables en terme de gain de temps mais n'est ce pas aussi une perte de moyens, de choix? Livrer n'est-il pas le contraire de délivrer, mais une nouvelle aliénation vers une société du moindre effort?

 

Car après avoir été livré d'un plat cuisiné ou de son Mac Machin, il ne reste finalement plus qu'à mastiquer. Mais cette dernière étape n'est-elle finalement pas aussi superflue? A quand le Hamburger pré-maché?

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 07:55

Je sens poindre une interrogation, un trouble qu'aurait pu laisser mon précédent billet sur le Pourquoi de la Chine

 

Je vous y parlais de commerces, de marchés, de clubs, de bars, de boites,  de KTV. Pour les clubs, bars, boites, je suis certaine que vous situez, pas besoin de vous faire un dessin. 

 

Par contre, les KTV... j'ai un doute.

 

"Les KT quoi?! Ques a quo?!"

 

C'est bien ce qui me semblait.

 

KTV est l'abréviation de "Karaoké TéléVision": une spécificité chinoise que l'on trouve dans toutes les villes de Chine. Vous connaissez sûrement le Karaoké, cette manière de chanter en suivant les paroles sur un écran. Le KTV est un endroit dédié exclusivement au Karaoké, LE lieu de divertissement par excellence.

 

Chaque soir des milliers voire des millions de chinois s'y retrouvent pour rivaliser de coffre et de justesse en famille, entre amis ou collègues, poussant la chansonnette dans ces salons privés équipés d'un matériel de sonorisation dernier cri. 

 

Le KTV est en effet une institution en Chine, un véritable art de vivre et de s'amuser. Et franchement il y a de quoi!

 

A l'approche de ce temple de la voix, l'appréhension gagne. Dehors, dans les couloirs, résonnent les performances des uns et des autres, inconnus, qui sans complexe se livrent à des morceaux de bravoure musicales avec plus ou mois de réussite cela s'entend..

 

L'exercice demande du temps, surtout lorsqu'on ne connaît pas les membres de l'assistance: chanter, c'est réellement se mettre à nu. Mais les premiers moments de gêne sont vite oubliés: au milieu des boules à facettes, de miroirs et de lasers, micro à la main, on a tôt fait de se prendre pour Johnny Halliday, débridé, au stade de France.

 

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KTV Xiang Tan - On air: Roxanne, Sting & the Police

 

C'est encore et surtout l'occasion de partager, de faire des duos ou de se remémorer des chansons oubliées et de les hurler de bon coeur.

 

Les répertoires sont fournis et éclectiques: des chansons en chinois, coréen, japonais mais aussi en anglais voire même parfois en français!

 

Résonnent alors dans le KTV, Edith Piaf, Céline Dion et Jean-Jacques Goldman avec des retranscriptions de paroles souvent approximatives et réellement désopilantes. "S'il suffisait d'aimer" n'aura plus jamais la même signification!

 

De quoi chanter, chanter, chanter jusqu'au bout de la nuit! Et pas seulement pour les Début de soirée... ;)

   

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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 00:00

Depuis le début de ce blog, voici presque deux mois maintenant, je vous balade dans l'Empire du Milieu, mais une question reste en suspens et vous taraude j'en suis certaine: Mais que vient faire la frisée en Chine? 

 

Une année sympathique? Un voyage initiatique? Une expérience linguistique? Un peu des trois, mon capitaine ;).

 

En réalité, la réponse tient en quatre mots:

LUTTER CONTRE LA CONTREFACON. 

 

Je suis juriste de formation, spécialisée en propriété intellectuelle, un secteur porteur, en constante expansion, avec des problématiques juridiques multiples et variées parmi lesquelles figure la contrefaçon.

 

Cependant, en la matière pour avoir un impact réel, il faut aller à la source même de la contrefaçon, en comprendre les mécanismes de production et ainsi trouver les moyens légaux pour l'endiguer.

 

Une telle observation de la contrefaçon n'est possible à grande échelle qu'en Chine, d'où proviennent 80% des produits contrefaits selon le dernier rapport des Douanes Françaises

 

Je suis donc venue dans l'Empire du milieu pour observer, comprendre sur le terrain la contrefaçon, idéalement pour suivre l'itinéraire d'un produit contrefait de sa production à sa distribution sur un même territoire.

 

J'ai eu l'opportunité d'être recrutée par la filiale chinoise d'un groupe français de spiritueux au goût anisé. En tant que juriste, je protège et défend ses produits en Chine avec les armes que me fournit la propriété intellectuelle, plus particulièrement les marques. 


Pour protéger, il faut comprendre le droit et la propriété intellectuelle en Chine, des mécanismes qui sont relativement proches de ceux utilisés en Europe et dans l'hexagone.

 

Pour défendre, il faut connaître son ennemi sur le terrain. Je pars ainsi régulièrement en mission pour décrypter le phénomène de la contrefaçon, ce qui expliquera certaines fois l'irrégularité de mes billets.


C'est ainsi que pendant quelques jours, je m'immergeai dans le Hùnan (湖南 Au sud du lac), une province au Sud-Ouest de Shanghai, célèbre pour être la région de naissance du très controversé Mao Tse-ToungUn timonier omniprésent, dans les rues, restaurants et places de la ville, jusque dans les taxis!

 

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La capitale du Hùnan, Changsha (长沙), est une ville moyenne d'environ 6 millions d'habitants située sur les bords de la rivière Xiang (湘江, Xiāng jiāng). La localité, un immense chantier à ciel ouvert, est une cité pilote en matière de développement durable. C'est aussi une ville florissante qui investit fortement dans l'édition et les technologies de l'informatique avec des universités spécialisées et des entreprises à fort potentiel.

 

Dans cette métropole, la contrefaçon de spiritueux, forte il y a quelques années, est en régression ainsi que je le constatais dans le marché de gros, l'équivalent de Rungis à l'échelle de la Chine, donc en plus grand et en plus large.

 

Des pyramides de produits en tous genres allant du pétard, au lit en passant par les bonbons, aspirateurs et autres papiers peints, le tout dans un véritable labyrinthe de ruelles encombrées: un immense bazar de produits déballés, présentés, remballés puis vendus au son des klaxons et des machines à calculer.

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Un endroit fourmillant de véhicules plein à craquer de marchandises et cartons qui iront alimenter les commerces et marchés du Hùnan et des régions avoisinantes.

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Je trouvais quelques contrefaçons, imitations de nos produits dans le pré-carré réservé aux alcools. Notre action en matière de contrefaçon semblait porter ses fruits dans la capitale Chanshaenne ce que me confirmaient un distributeur et notre équipe de représentants sur place.

 

Je décidai donc de poursuivre mon exploration dans une ville de moindre importance, Xiàngtan (), charmante bourgade de 800 000 âmes.

 

Ici plus de grossistes, il faut aller dans les commerces, locaux pour se faire une idée, prendre la température de la contrefaçon. De juriste en Propriété Intellectuelle, je me transformais en enquêteur.


Le jour, dans les épiceries, commerces et supermarchés et la nuit, dans les clubs, bars, boites, et KTV de la localité. Un travail qui à la longue peut être harassant, demandant une constitution physique hors du commun pour tenir les innombrables toasts à porter tant avec les patrons d'échoppes qu'avec les clients. Ces fâmeux Gan be(干杯), A la vôtre!.


La compréhension de la contrefaçon requiert une polyvalence et une adaptation au produit que je n'avais pas connues dans mes précédentes vies d'étudiante et de juriste. 

 

Mon immersion ne fait que commencer avec des résultats mitigés pour cette première tentative Hùnanaise, mais je compte bien réitérer l'expérience pour, entre autres, comprendre la production mais encore l'intervention des autorités dans la mise en oeuvre de la politique de lutte anti-contrefaçon.

 

Mais ceci est une autre histoire. A suivre donc...

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 00:00

Dimanche 9/01/2011 - 16h34

 

Il vient de grêler. L'atmosphère est électrique.  

 

Dans la cour, on s'active des ombres furtives vont et viennent. Il se passe quelque chose.

 

Un individu encostumé de gris déroule à même le sol un long ruban rouge, puis un deuxième à quelques centimètres .

 

Tout d'un coup, une explosion retentit. Puis une seconde. 

 

Mais que se passe-t-il?

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Cela sent la poudre, la fumée et le feu. 

 

Invasion japonaise? Guérilla urbaine? Soulèvement de mon Shikùmen 石库门

 

Des gens courent ou plutôt accourent, me semble-t-il. Avec cet écran presque opaque je ne sais plus trop...

 

J'observe la scène entre deux vélos sous le porche, quand apparaît au loin une voiture noire couvertes de fleurs et de rubans qui avance lentement entre deux rangées de gardes.

 

La scène est surréaliste, je crois rêver: désordre et chaos à mon droite, calme sérénité à ma gauche.


C'est alors qu'une déflagration plus forte se fait entendre puis plusieurs la suivent. Je me retourne, et là: stupeur et étonnement...

 

Un FEU D'ARTIFICES!!!!!

 

La voiture est à ma hauteur et a déposé à côté de moi un autre petit homme gris. Il dégaine un appareil photo et mitraille les alentours.

 

De la berline, sort alors un énorme bouquet de fleurs tenu par une frêle dame en noir au brushing impeccable.

 

A son apparition, les feux, pétards, et autres explosifs reprennent alors de plus belle. 

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A la fin de ce festival de couleurs, le cortège s'ébranle et disparaît dans une ruelle. Ne restent que les bouts rouges de pétards encore fumants et une frisée interloquée.

 

Je ne sais pas qui elle est, ni la raison de ce cérémonial et je ne le saurais sûrement jamais.

 

Ce que je sais c'est que l'espace de quelques minutes, la communauté s'est réunie autour de cette femme pour lui apporter soutien, réconfort  en l'accueillant, en chassant les mauvais esprits de son lieu de vie grâce aux pétarades en chaîne.

 

Une jolie solidarité qui fait qu'aujourd'hui, pour reprendre un certain fou chantant, mon coeur fait: BOUM!

 

Et vous?


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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 04:30

Aujourd'hui je vous propose une plongée dans le Shanghaï de tous les jours. Allons ensemble nous balader, regarder cette immense fourmilière, humer les senteurs diverses et variées. 

 

En ce samedi tôt matin, je vous emmène faire le marché. Non pas les courses dans un des grands centres commerciaux qui peuplent la mégalopole shanghaienne, mais dans une halle, comme il en existe quelques unes, ça et là, bien cachées entre deux barres d'immeubles.

 

Découverte par hasard, celle dont nous parlons se situe dans le district de Luwan 卢湾区 (Lúwān Qū) au coeur de l'ex Concession Française sur la Rue du Peuple, 人民路 (Renmin lu).

 

Entrons immédiatement dans ce sanctuaire de la matière première culinaire pour prendre un bain d'odeurs et de couleurs. Dès l'entrée, les yeux et les papilles sont en éveil: nous sommes en effet accueillis par le quartier des viandes, des viandes qui s'étalent du sol au plafond.

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L'odeur carnée est forte, vous emplit la narine: de rouge quartiers  de porc et de boeuf prennent l'air, posés à même les frigos d'où des bouchers, en majorité des femmes, les sortent à pleine main pour les couper sur de gros billots en bois.

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Je vois déjà certains pâlir, les yeux pleins d'effroi en pensant aux contrôles sanitaires et autres règles d'hygiène drastiques françaises ou européennes... oubliez tout cela.

 

Pas que les Chinois n'aient pas de législation en la matière au contraire, le Ministère de la santé et de l'alimentation est très regardant à ce sujet mais les standards ne sont pas les mêmes. Prenez aussi en considération que la température extérieure ce jour fait de Shanghai le meilleur des réfrigérateurs!

 

Passons maintenant au quartier maraîcher où des montagnes de fruits et légumes laissent difficilement dépasser leurs vendeurs. Salades, choux, poireaux, épinards et carottes se partagent la vedette avec des radis blancs, noirs et des bok choi ou pak choi, ces petits chous verts à côtes blanches et à la saveur acidulée qui fondent sous la langue et croquent à la fois.

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Un étal tout en fraîcheur et en interrogation: si beaucoup de légumes ressemblent à ceux poussant sous nos latitudes, certains restent quand même des énigmes que je vais essayer d'éclaircir.


Retournons nous maintenant pour faire face à l'étonnant quartier poissons. Rien de bien original ici, me direz-vous en regardant l'étal bien agencé de poissons brillants et évidés. Mais retournez-vous vers ces étranges bacs au fin fond de la halle et approchez... plus près... plus près encore! 

 

Que voyez-vous? 

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Des bulles? Certes... mais encore? des nageoires?! Mais oui! Vous ne rêvez pas, ce sont bien des poissons vivants tournoyant dans leurs aquariums mais pas seulement! Regardez là-bas: des crabes, des anguilles, des crevettes, des gambas et même des tortues!


Ainsi en Chine, le poissonnier est aussi pêcheur. Il manie aussi bien l'épuisette que la feuille, vous attrape en un coup de poignet l'animal tout frétillant de votre choix, l'assomme tout aussi rapidement d'un coup fatal avant de le découper avec précision et délicatesse. 

 IMG_4295-droite.jpeg

 Un mode de conservation et de commercialisation surprenant qui néanmoins a pour avantage d'offrir au consommateur du poisson frais à tout heure!

 

Alors cette immersion? Notre venue, vous vous en doutez, n'est pas passée inaperçue mais peut-être ne l'avez-vous pas remarqué trop absorbés par toutes ces images...

 

Les occidentaux ne sont pas légion dans les travées. Cependant au fur et à mesure, les bruits et les habitudes ont repris leur cours... 

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La vie à Shanghaï continue!

BON WEEK-END A VOUS!

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 00:00

La monnaie chinoise fait beaucoup parler d'elle, préoccupe l'Occident en ce moment: dévaluera, dévaluera pas...

 

En Chine, elle est aussi un sujet mais au sens pécuniaire. L'argent n'est pas tabou contrairement à nos prudes contrées. Les chauffeurs de taxis ou encore de parfaits inconnus pourront vous demander, de but en blanc et le plus naturellement du monde, le montant de votre salaire, de votre loyer...

 

Et n'essayez pas de noyer le poisson à la sauce française ou de tourner autour du pot, ils veulent des chiffres, mais pas de yuans.

 

Le yuan 元 est en effet l'appellation comptable de la monnaie chinoise. Jamais un homme de la rue n'utilisera ce vocable: il parlera de Renminbi 元人民币, abrégé RMB la "monnaie du peuple", ou encore de Kuai .

 

Le kuai/RMB/yuan est composée:


=>de pièces 

  
  • 1 kuai symbolisé par une fleur de Chrysanthème

 

  • 0,5 kuai symbolisé par une fleur de lotus

 

  • 0,1 kuai représenté par un narcisse

 

=> de billets

       1, 5, 10, 20, 50 et 100 kuais avec la photographie d'un              illustre chinois à col du même nom

 

 

Ces billets sont les moyens de paiement classiques pour tous vos achats. Les cartes bleues sont en effet très peu usitées, les commerces sont d'ailleurs généralement dépourvus de lecteur. Impossible donc de faire ses courses pour 2,58€ (soit environ 20 kuais) et de sortir la visa. Je dus m'y faire.

 

Ce ne fut pas facile, je le confesse, moi l'adepte de la blue, du no-cash system, jamais un koppek en poche, il a fallu que j'ai toujours sur moi de l'espèce sonnante et trébuchante, que j'aille régulièrement au distributeur pour qu'il me délivre ma liasse de billets que j'essayais tant bien que mal de faire rentrer dans mon porte-monnaie.

 

Les portefeuilles ne sont en effet pas adaptés à de telles quantités de papier. Bombés, ventrus, difformes proches de l'éclatement, ils ne maintiennent parfois plus leur précieux contenu, devenant alors inutiles. Certains chinois s'en sont même définitivement séparés, arpentant les rues avec des paquets, des enveloppes pleines de billets, dans la plus complète décontraction.

 

Parce que le mode de règlement cash n'est pas seulement utilisé pour acheter son dumpling au boui-boui du coin: il l'est encore pour payer son loyer, ses billets d'avions, de train, les soirées au KTV etc...  Et il en faut alors des billets de cent, voici par exemple le montant de mon loyer pour ce mois-ci:

 

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Alors quel est le montant de mon loyer?!

 

La vie en Chine ressemble donc parfois à une partie de Monopoly, ce n'est peut-être pas pour rien que le géant Hasbro a sorti une édition spéciale Chine. Shanghaï y est l'équivalent de notre Rue de la Paix: vous pouvez vous l'offrir pour 4 Millions de RMB soit 460 000 EUR environ... Des acheteurs?

IMG 5101

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 00:00

La tension est à son comble, je vous sens fébriles... 

 

Avant tout, je tiens à rassurer parents, famille et amis, ne vous en faites pas: tout va bien. Je ne vous écris pas d'un poste de police, d'une geôle infâme ou encore d'un charter à destination de Paris. Je suis tranquillement assise sur mon canapé dans mon appartement.

 

Mais revenons à la question qui vous taraude: mais où est mon passeport??? et à ce fameux entretien du 21 décembre. Son organisation fut une interminable valse-hésitation entre mon bureau et l'administration où il devait se dérouler. Je revins TROIS fois à mon guichet et à cet officier au monovocabulaire, avec à chaque passage une information nouvelle.

 

Trois aller-retours en l'espace de quelques heures entre deux points géographiquement opposés, réalisés dans des temps records grâce au chauffeur de la société. Se prenant pour Sébastien LOEB, il slalomait dans les files, ignorait feux rouges et cyclos, le tout au son du klaxon, ne manquaient que les virages au frein à main pour compléter le tableau. 

 

A mon troisième et ultime passage, j'étais toujours sans passeport, uniquement armée de mon portable et d'un post-it sur lequel était inscrit un numéro de téléphone. Furax de perdre autant de temps dans cette maison qui rend fous, je gardais néanmoins ma contenance et composais le numéro indiqué.

 

Un "Ouè" sonore me répondit ("Ouè" est l'équivalent de notre " allo" français.) Sans savoir ni à qui je parlais, ni pourquoi, j'indiquais mon identité. Sans plus de détail, mon interlocuteur me donna rendez-vous devant le guichet n°15, celui de mon cerbère qui à mon approche sourit, avec, ce que je soupçonne être de la moquerie... J'avoue, il y avait de quoi...

 

Sorti de nulle part, je vis alors accourir un petit bonhomme avec à la main une pochette de laquelle il fit apparaître, comme par magie, tous mes papiers et justificatifs chinois. Scène surréaliste dans ce décor rouge clignotant et froid d'aérogare en plein hiver.

 

Mon passeport, c'est à dire toute ma vie, était dans les mains de... Freddy, un parfait inconnu. J'apprendrai quelques secondes plus tard que mon entreprise avait fait appel à ses services pour obtenir plus facilement ma carte de résident. Un détail qu'elle aurait pu me préciser au passage... ce qui m'aurait éviter des palpitations inutiles.

 

L'entretien se déroula alors de manière assez succinte et sans mot dire, ce qui est assez inhabituel. Il dura en tout et pour tout 2 secondes et demi, le temps pour l'agent de prendre une photographie à la webcam, de tamponner trois ou quatre feuillets, d'en redonner un à Freddy et de prendre, enfin, mon passeport.

 

Moins d'une semaine plus tard, je fus de nouveau en possession de mon sésame dont une des pages était occupée par un magnifique permis de résident. La course aux enregistrements est depuis terminée...enfin... pour le moment.

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Florilège non exhaustif de papiers chinois

 

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 14:10

Bonheur, prospérité et longévité, (福禄寿 fú lù shòu)!! Que cette nouvelle année 2011 soit pleine de surprises, de santé et de joies.

 

De Shanghaï et du fond du coeur: 


 

 2011!!!

xīn nián kuài lè xǐ 2011, xīn xiǎng shì chéng!!!

Heureuse nouvellannée 2011, que tous vos voeuse réalisent!!!


 

Ma nouvelle année placée sous le signe de la Chine n'a cependant pas commencé dans la bonne et vieille ville de Shanghaï. Ce qui explique la tardiveté de mon billet.

 

Le trépas de 2010 et la naissance de 2011 se sont opérés dans l'Ouest de Shanghaï, plus précisément dans la ville de Suzhou 苏州. Vous connaissez peut-être, et même sûrement, ce village à l'échelle de la Chine, qui compte tout de même 5 millions d'habitants.

 

Située sur le delta du Yangste, Suzhou est célèbre pour ces broderies depuis le XIIIe siècle: elle est ainsi la capitale officielle, s'il en est, de la soie. Un musée rappelle ce passé glorieux fait de caravanes de marchands et de tisserands, retraçant 2000 ans d'histoire de la soie. Un fond fourni d'échantillons de soies et d'explications pratiques vraiment instructives n'ont cependant pas eu raison d'une impression de vide grandissante tout au long de la visite.

 

En tout et pour tout, je ne croisais qu'une dame complètement frigorifiée à l'accueil, un homme de ménage improbable et deux individus esseulés, que je pris pour des mannequins au premier abord, et qui s'échinaient à faire fonctionner un métier à tisser manuel.Des comptoirs encore plein d'objets personnels montraient l'existence d'ateliers/échoppes d'une vie qui faisaient défaut en cette basse saison. Un désert ou presque...

 

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Où est la frisée?!


Suzhou est aussi connue pour être la "Venise de l'Est" du fait des nombreux canaux qui irriguent la cité et ses nombreux jardins classés au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Des endroits fabuleux pleins de sérénité, tout en finesse et force à la fois. Rien de gigantesque ou d'ostentatoire mais des pavillons faits de bois et pierre, reliés par des jardins, des corridors, des plans d'eau sur lesquels des ponts zigzaguent.


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Ces torsions ne sont pas le caprice d'un architecte iconoclaste mais une protection contre les mauvais esprits, qui, ne se déplaçant qu'en ligne droite, ne peuvent accéder ainsi à l'autre rive. Un stratagème assez difficile à mettre en oeuvre tous les jours, je vous l'accorde. 

 

Il fit cependant son effet, je passai un réveillon assez irréel dans une ville où les festivités du Nouvel an occidental ont été plus que discrètes. Aux douze coups de minuit pas de décomptes frénétiques, d'illuminations spéciales ou d'embrassades générales. Dans le bar où j'ai tranquillement passé ma soirée, aucun des convives n'a bougé, seuls les quelques feux d'artifices tirés à proximité leur ont rappelé qu'il se passait quelque chose.

 

C'était un vendredi soir normal, comme il y en a tant d'autres, pour au moins 1,5 milliards de terriens, le passage du mois de décembre à celui de janvier tout simplement.


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Il est minuit et rien ne bouge... 

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 15:55

Âmes sujettes au vertige, attention, les quelques lignes qui vont suivre pourraient mettre votre oreille interne à rude épreuve.

 

En ce 26 décembre, gagnée par une subite envie de prendre de la hauteur, je me suis rendue au point le plus haut de Shanghaï. 

 

Choisir le building le plus élancé n'est pas simple; d'en bas, les tours sont plus hautes les unes que les autres, donnant vite le tournis à qui les regarde de trop.

 

Il en est cependant un géant parmi les grands, un gigantesque titan: je veux parler du célèbre Centre mondial des finances de Shanghaï, le phare de Shanghaï qui toise le liliputien terrien du haut de ses 492 mètres.

 

Pour l'escalader, la vieillerie gagnant du terrain, j'ai chaussé pour l'évènement, non pas mes chaussures de rando, mais mes baskets et ai tout simplement pris... l'ascenseur. Amateurs de longues marches et de l'effort, passez votre chemin.

 

Ce qui reste quand même une aventure commence au niveau B1 de la tourelle, dans un dédale de couloirs et de pierre pour trouver l'entrée de l'Observatoire (Suivez Observatory Entrance). Le fléchage laisse un peu à désirer mais une fois le fil d'ariane acheté, sous forme de billet d'entrée, impossible de se perdre.

 

Un tunnel noir et sinueux nous conduit jusqu'à l'antre de la bête chargée de nous faire gravir les 94 étages qui nous séparent du ciel. Son attente est impressionnante presque angoissante. Avant de monter dans l'engin, dans une obscurité presque totale, un ciel de Led décompte les mètres que doit encore parcourir l'ascenseur pour venir nous chercher.

 

A son arrivée sur la terre ferme, il ne met que quelques secondes à nous attirer en son sein, grâce à une cabine lumineuse d'un blanc immaculé presque cotonneux. Un remake pour 2010 Odyssée de la frisée...

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 L'ascension commence alors au son d'une musique psychédélique doublée d'une animation toute aussi spaciale si ce n'est spéciale... un rond lumineux symbolisant sûrement le tunnel de passage de l'ascenseur mime une avancée que retranscrit un altimètre.

 

Lorsqu'au bout de quelques dizaines de secondes celui-ci se stabilise à 430 mètres, on n'a pas vraiment l'impression d'avoir bougé de notre sous-sol à part peut-être une légère sensation d'oreille bouchée.

 

Nous voici pourtant au 97ème étage, la vue est impressionnante à la fois sur l'oeuvre architecturale, dont on peut admirer les courbes ultimes, et sur la ville: de là, on domine la mégalopole chinoise sans pour autant en voir la fin. Les gratte-ciels ne semblent plus inaccessibles, avec l'impression de s'être comme envolé, emporté par le vent. 

 

Mais ce n'est rien par rapport au 100ème étage que l'on peut voir, perché à 50 mètres au dessus et qui abrite le fâmeux observatoire du Financial Center.  

 

Car au 100ème, là pas de doute, à 474 m, Shanghaï est littéralement à nos pieds.

 

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Perché sur les épaules d'un géant, je restai béate pendant un petit moment, observant le balais des voitures minuscules et de bonshommes microscopiques quelques centaines de mètres plus bas.

 

Revenue sur terre à mon tour, je regardai alors d'en bas, cet échassier de béton, de verre et d'acier, à la fois fascinant et terrifiant de froideur. A l'image peut-être de son occupant, la finance mondiale, géant au pied d'argile? 

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Devinette: Un ustensile de cuisine bien utile se cache dans cette photo... Saurez-vous le retrouver? ;)

A gagner ledit ustensile ou pour ceux qui feraient le déplacement: un thé à The Tea House Shanghaï

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