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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 14:37

Emblématique prouesse humaine et architecturale, lieu de tourisme et d'histoire incontournable, notre escapade d'aujourd'hui va nous mener sur la Grande Muraille 长城  Chángchéng.

 

Un géant de briques et de mortier pouvant atteindre 7 mètres de large et 17 mètres de haut. Un serpent jailli de terre, s'étirant le long des crêtes, se faufillant dans des vallées grandioses.

 

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L'imposante, l'immense Muraille de Chine. Une construction de tous les superlatifs: 6700 kms de longueur, des millions de soldats bâtisseurs, dix siècles de construction sur cinq dynasties d'empereurs chinois... Un travail de titans qui, excusez du peu, peut être admiré de l'Espace; récompense posthume s'il en est pour les quelques 10 millions d'hommes qui ont perdu leurs vies pour l'ériger.


Un véritable cimetière à ciel ouvert dont les segments s'éparpillent ainsi en divers endroits de la Chine rappelant les différentes phases de sa construction pour la défense contre les vagues successives d'envahisseurs:

 

 

Des segments dans un état de conservation variable qui ont subit les affres du temps, les assauts du rude climat du nord-est de la Chine mais encore les "emprunts" des fermiers alentours. Certaines parties ont ainsi complètement disparu, ont été recouvertes par la végétation, les champs, ou se sont effondrées dans la plus complète indifférence.

 

Mais les choses ont changé depuis quelques années. Aujourd'hui la Grandissime Muraille fait l'objet d'une attention toute particul!ère des autorités chinoises qui ont compris la manne que constituait ce monument classé au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1987.

 

Une manne touristique tout d'abord: des tronçons entiers ont été restaurés, c'est à dire en termes chinois, détruits et reconstruits à l'identique. Comme Mutianyu ou Badaling 八達嶺, sûrement les plus connus et les plus proches de Beijing: deux balades familliales extrêmement appréciées notamment des officiels en déplacement comme Richard Nixon lors de sa visite historique en 1974 mais aussi des touristes nombreux...


 

Je préférais pour ma part opter pour des parties plus éloignées et sauvages. Simatai 司馬臺, mon premier choix étant en rénovation, je me rabattais sur Jinshanling 金山岭 à 120 kms de la Capitale et je ne fus pas déçue, bien au contraire.


Ce segment de la Muraille n'a en effet été que partiellement rénové: il est encore possible de trouver les briques originales décaties, 79 tours de guets dont certaines à ciel ouvert, des escaliers de guingois, des meurtrières où poussent lichens et arbres...


Des paysages magnifiques à perte de vue pour une randonnée pédestre de toute beauté avec des pentes vertigineuses hypnotisantes:

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Un exercice tout en escaliers et faux plats, montant vers le ciel pour mieux redescendre dans des ravines encaissées, avec un sentiment de liberté infini.

 

Un espace de liberté cependant quelque peu perverti par l'exploitation de son image et de sa signification. Moyen de propagande pour le gouvernement chinois, la Muraille et sa grandeur sont instrumentalisées pour promouvoir l'unité, l'esprit de groupe, la prévalence de la communauté sur l'individu, la force et le sacrifice mais encore la Patrie et sa protection à rebours de l'Histoire, au détriment de la vérité.

 

Un drôle de mélange pour cette sage dame de pierre qui traverse la Chine et les siècles, les idéologies et les récupérations, immuable certes, assurément fascinante mais par quelques côtés outrageusement exploitée.

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 09:00

Aventures culinaires et expériences gustatives, dans leur cinquième épisode, vont faire la part belle aux spécialités de la Capitale pékinoise dont nous venons d'entamer la visite.

 

Faisons immédiatement un festin de Jiaio zi 饺子, ces raviolis locaux frits à la viande ou de légumes qui, moelleux à souhait, fondent sous la langue avec un petit goût de ciboulette:

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Une autre variante de bouchées cuites cette fois à la vapeur: les Shao mai 燒賣 plus compacts mais tout aussi fondants avec leurs crevettes qui croquent sous la dent, le tout accompagné d'aubergines presque confites: une merveille pour les yeux et les papilles.

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Mais reste la spécialité d'entre les spécialités, celle qu'il n'est pas possible ni pensable de rater à Beijing le célèbre, l'unique Canard laqué à la Pékinoise 北京烤鸭, Běijīng kǎoyā.


Fruit d'une longue préparation de tradition, le canard d'abord gavé est tué, éviscéré puis enduit de miel. Après un séchage plus ou moins loing, il est rôti au feu de bois variés qui vont par leur essence l'imprégner de leurs parfums, lui donnant au passage sa couleur foncée caractéristique. La viande ainsi obtenue est d'une tendreté étonnante doublée d'une croustillance à tomber.

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Le canard découpé avec soin en lamelles par un chef dédié dévoilera tous ses arômes grâce à une dégustation tout à fait originale: chaque lamelle et sa peau croustillante sera d'abord trempée dans une sauce brune au goût prononcé puis accompagnée d'oignons et de concombre, le tout sera enfin enrobé dans une galette de blé chaude pour être savouré par un gourmet au nirvana gastronomique.

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Pour terminer ce repas gargantuesque dans la Cité impériale, quoi de mieux qu'un petit thé mais sous une forme bien particulière: en glace. Vous connaissez le thé chaud, certes glacé, et depuis Hangzhou en condiment, voici maintenant le thé au jasmin en glace à l'italienne:

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Et cela se passe tout simplement de commentaires...

 

A bientôt pour de nouvelles sensations!

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 09:34

Aujourd'hui cap au nord pour rejoindre la deuxième ville de Chine en termes de population après Shanghai mais la plus importante sur le plan politique: la Capitale du nord, littéralement Beijing北京.

 

Une mégalopole de 18 millions d'habitants, haut lieu de culture et d'histoire comme en témoigne un de ses symboles: la porte de la Paix Céleste plus communément appelée Tian'anmen 天安门.

 

 

Cette porte est un des monuments les plus emblématiques de la Chine ayant traversé les siècles et leurs changements, immuable ou presque.

 

 

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Arborant un portrait de Mao Zedong et faisant face à son imposant mausolée, elle appartient à une zone sanctuarisée. Pour y accéder, un contrôle drastique est opéré par des gardes peu souriants qui patrouillent et se postent aux endroits stratégiques pour éviter tout incident coup d'éclat ou débordement. 

 

La Porte a en effet toujours été une tribune, une sorte de lieu sacré d'où les décisions et les annonces étaient réalisées sous l'Empire mais encore sous le régime actuel. Une manifestation ou encore une bravade sur cet espace aurait un impact incommensurable. L'endroit est sensible, il faut donc marcher droit ou en tous cas éviter toute provocation: oubliez donc de porter le jour de votre visite un tee-shirt "Tibet Libre" au risque de vous faire tout simplement vider des lieux et de Chine par la même occasion. Simple conseil...


Mais cette imposante bâtisse, si elle est l'emblème de la République Populaire de Chine, est aussi la porte d'entrée de l'incomparable et l'incontournable Cité interdite, lieu de gouvernance et de vie impériales.

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Un labyrinthe magnifique et déroutant par son immensité, plein de décors, de palais somptueux et de touristes venus en masse pour les admirer.

 

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La foule était en effet dense en ce début de juin mais elle n'a rien enlevé à la magie des lieux qui vous replongent dans les fastes de la Cour impériale. L'espace d'un instant on peut imaginer l'empereur et ses ministres là gouvernant, ici assistant à une pièce de théâtre ou conversant dans des jardins remarquables de calme et de sérénité.


Des jardins qui ne sont pourtant qu'ersatz comparés au Palais d'été. Immense étendue de verdures autour du Lac Kunming, le jardin de l'harmonie préservée 颐和园 Yí hé yuán porte définitivement bien son nom même les jours d'affluence. Dédale encore une fois de bâtisses, de palais, il respire la quiétude pouvant constituer une retraite des plus agréables surtout lorsqu'en haut du Temple des Fragrances Bouddhistes, s'étire sous vos yeux la Cité pékinoise. 

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Une cité qui a bien changé depuis les temps impériaux qui ne sont pas si lointains, à peine un siècle. Tout en gardant son histoire, elle a su se métamorphoser, construire et se moderniser. Mais c'est une autre histoire!


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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 12:01

30° voilà ce qu'indique le thermomètre dans l'ascenseur climatisé. Qu'en est-il réellement dehors, je ne préfère pas le savoir.


 Il fait chaud, de plus en plus chaud.


Une chaleur de plombs, moite et collante, cette chaleur caractéristique de l'Est chinois s'est abattue sur Shanghai.


Si la proximité avec la mer a ses indéniables avantages, elle a aussi ses inconvénients à savoir: l'humidité. Agaçante humidité, vicieuse humidité qui glace les os en hiver, et, l'été venu, transforme la ville en un immense cuiseur vapeur où des corps, suintants à toute heure tentent de poursuivre une activité normale. 


Aguerris à ce hammam à ciel ouvert, les shanghaiens se sont adaptés progressivement à cette hausse du mercure: vêtements  amples et allure plus que modérée sont maintenant de rigueur dans les rues de la métropole. Les commerces ne sont pas en reste ayant revu leurs vitrines et achanlandage à base de tongs, éventails, casquettes et ombrelles.


Les coquettes chinoises ne sortiraient j-a-m-a-i-s sans cet accessoire indispensable pour protéger leur teint de porcelaine de l'astre solaire. 

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La recherche de l'ombre et de la fraîcheur est en effet devenue une priorité. Tout est bon pour s'arrêter, s'asseoir, s'allonger et reprendre des forces: les porches, les murs, les ponts, les platanes, les allées regorgent ainsi de vie et d'échanges entre passants, voisins.

 

Dans les rues baignées de lumière, une douce et nonchalante atmosphère:

 

 

Mais quel est ce murmure? On dirait... mais oui! le chant des cigales dans la garrigue! Fermez les yeux: vous sentirez presque l'odeur des herbes sauvages, du pin et du fenouil. La Provence à Shanghai!

 

Au risque de vous décevoir, ce bruit n'est en rien l'oeuvre orchestrale d'insectes mais celui des moteurs des climatiseurs qui "ornent" la majorité des bâtiments shanghaiens.


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Des milliers, des millions de clims qui brassent et rafraîchissent nuit et jour l'air de Shanghai, de ses maisons, appartements, boutiques et bureaux, souvent si mal isolés et dont les occupants laissent, sans scrupule aucun, fenêtres et portes ouvertes, refroidissant... la rue!


Un excès, une aberration à grande échelle, une gageure pour l'environnement.


Alors, pour le geste, la frisée a décidé de ne pas participer à ce réchauffement scandaleux qui pourrait être évité voire limité.


Une goutte d'eau, une particule infime dans l'océan chinois de consommation et de pollution mais une contribution, celle d'une irréductible gauloise qui résiste encore et toujours à la chaleur, qui refuse de faire usage de son climatiseur. 

 

En ferez-vous de même?

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 14:58

DSC 3155Sans plus tergiverser, prenons le large et partons pour l'île de Shengsi 嵊泗列岛 Shèngsìlièdǎo.


Après "La Frisée à la Montagne", "La Frisée chez les Pandas", voici le tout dernier épisode de la saga: "La Frisée à la Mer", occasion de tester les vacances dans leur version maritime et chinoise.

 

Mettons donc sans plus attendre les voiles pour cette destination familiale, et même un brin confidentielle.


Car, pour rallier cet archipel situé à trois heures au sud-est de Shanghai, il faut emprunter successivement le métro/taxi, un bus puis ensuite un ferry et encore un minibus pour arriver à destination.


Un périple sympathique qui me permit, en outre, de traverser le Pont de Donghai 东海大桥 Dōnghǎi Dàqiáo, l'un des plus longs ponts maritimes du monde.

Donghai Bridge, China

Un impressionnant tablier de 32 kms qui relie Shanghai aux îles Yangshang où a été installé en 2005 le plus grand port de commerce en eaux profondes, rien que cela.

 

Un gigantisme en totale contradiction avec ma destination.


L'île Shengsi est en effet à mille lieux de ce développement extrême. Si elle a dépassé son statut originel de village de pêcheurs, elle n'est pas encore une station balnéaire type la Grande Motte, loin s'en faut. Les infrastructures touristiques n'en sont qu'à leur balbutiement: pour preuve, les hôtels sont organisés comme des pensions où l'anglais est une langue quasi inconnue, baragouiné seulement par les plus jeunes.

 

Dans celui où j'établissais mes pénates, une jeune fille d'environ 12 ans se décréta mon interprète et prenant à coeur sa mission, agit tel un chaperon: voulant m'accompagner partout de peur que je me perde ou ne comprenne pas puisque je ne parlais pas chinois. L'attention, somme toute adorable, se révéla un tantinet pesante voire carrément stressante. Aussi lui fauchais-je compagnie à la première occasion en fuguant de l'hôtel en catimini.

 

Armée de mes tongs et de mon appareil photo, en mode touriste à bob, je partis découvrir Shengsi et ses plages de sable fin doré et argenté dont l'éclat sous le soleil était tout simplement époustouflant:

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Un endroit idyllique, plein de cette tranquillité insulaire qui apaise les citadins un brin oppressés. Un grand bol d'air, d'eau et de nature rafraîchissant, au figuré comme au propre, puisque je ne manquais pas en ce magnifique après-midi de mai de piquer une tête dans les eaux troubles de la Mer de Chine orientale.


J'avoue que l'idée tenait du pari voire presque du suicide tant la grande Bleue de l'Empire du Milieu tire vers le marron, laissant surnager sachets plastiques et autres détritus sans vie aquatique apparente et dans une ambiance olfactive plus que douteuse. Le déversement quotidien des déchets d'origine continentale peut largement expliquer ces phénomènes.

 

Sur Shengsi, l'activité principale tourne cependant plus que jamais autour de cette même Mer de Chine asphyxiée: le Port regorge ainsi de chalutiers de taille respectable

 

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Ils ne rivalisent toutefois pas avec les armadas super équipées qui ratissent les fonds marins au large, y puisant à outrance des ressources qui feront un jour défaut.

 

La pêche est à Shengsi encore artisanale. Ainsi les quais portuaires grouillent-ils de ravaudeurs de filets dont les visages tannés par le soleil ne sont pas avares de sourires et d'attention pour le touriste qui passe, malgré leur travail harassant et sans fin:

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 Des rencontres toujours sourdes et muettes mais extrêmement fortes en émotions.

 

Tous les sens ont ainsi été mis à contribution sur cette terre émergée: tant la vue, le toucher que l'ouïe et l'odorat. Bien entendu, le goût ne fut pas en reste. Le voyage insulaire ne pouvait pas se passer sans l'expérimentation de la gastronomie locale elle aussi centrée autour des fruits de la Mer.

 

Poissons en tous genres et de toutes les couleurs, crustacés et autres algues furent à l'honneur dans une symphonie toute en fraîcheur et saveurs.

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Repue et le coeur léger, je me baladais sur cette île du bout du monde jusqu'au coucher du soleil, moment magique par excellence où j'ai regardé la mer danser inlassablement jusqu'à ce que la nuit tombe sur Shengsi, un écrin fragile en sursis.

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 15:52

Un long silence. 

 

Plusieurs semaines sans nouveau billet, sans la moindre explication.

 

J'avoue ne pas en avoir, pour ma part, hormis celle d'une accélération soudaine du temps, une explosion de la matrice.

 

Mais halte à ce mutisme involontaire. Il est plus que temps de refaire surface et reprendre le fil de mon parcours "inasiatique".

 

Il s'en est en effet passer des choses et pas des moindres depuis la fin du mois de mai: un ensemble de voyages, vous vous en doutez, de nouvelles expériences dont je veux vous regaler, de passages, de cap, de pics et de péninsules, autant de tours et détours qu'il me faut vous conter. 

 

Mais, avant tout ceci, parlons un peu de temps.

 

De ce temps qui passe, qui file immanquablement. Nous sommes en effet maintenant au mois 8 de mon expatriation chinoise; un octomestre de chinoiseries et pourtant il me semble que mon arrivée était hier. Non pas que je sois toute aussi perdue, loin s'en faut. Mais il me semble être encore et toujours en perpétuelle découverte, et par là même en éternelle remise en cause.


L'expatriation en Chine comporte, outre une liberté sans commune mesure, un sentiment d'appréhension, presque d'insécurité du fait de ses changements permanents, de ces repères éphémères qui peuvent, d'un coup d'un seul, disparaître.


En Chine, tout va plus vite, presque trop vite: tout change à une cadence vertigineuse. Un quartier que vous pensiez connaître peut en un rien de temps se métamorphoser, passant de vie à ruines en silence mais pas sans heurts.

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 Supérette un matin, en réfection dans l'après-midi, un commerce peut se transformer en salon de coiffure le lendemainDes figures devenues familières s'en vont, parfois à jamais, sans crier gare. Un champ va en un rien de temps être se couvrir d'une multitude de bâtiments ayant poussé là tels de prolifiques champignons après l'averse.

 

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Pas de répit, pas de temps mort, la déroutante Chine fonce, balaie, construit, détruit et reconstruit: elle ne s'arrête jamais. Ni le jour, ni la nuit, ni les week-ends et encore moins les jours fériés. Une Chine à grande vitesse où les horaires extensibles vont jusqu'à ignorer le terme fermeture, comme ces drugstores ouverts 24h sur 24h.


Qu'il pleuve, neige, vente, les trottoirs seront balayés, les comptoirs ouverts, les taxis rouleront sans discontinuer. Telle est cette énergie fourmillante, bourdonnante qui anime la Chine.


Même sous des bourrasques hivernales, les pluies tropicales printanières et maintenant l'étouffante chaleur estivale, le temps n'a plus le temps, il court et fuit toujours plus loin, au rythme des klaxons, des clims réversibles et du milliard et demi de coeurs qui battent à l'unisson dans cet Empire déboussolant mais quelque part aussi déboussolé. 

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 15:19

A l'approche de la fin de l'année financière, qui se clôture en Chine fin juin, entamons le vaste sujet des factures en Chine.

 

Il est dans l'Empire du Milieu un système de facture officielle bien particulier, celui des fapiaos 发票 (fā piào) bien loin de nos reçus et autres récépissés.


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Ce petit papier propre à chaque ville a une valeur qui peut parfois dépasser les occidentaux peu aguerris à ce genre de pratique. Car le fapiao n'est pas un simple ticket comme les autres.  

 

Enregistré au bureau chinois des taxes, un fapiao atteste formellement de l'achat d'un bien ou d'un service. Même s'il y est normalement tenu, un commerçant ne vous le délivra pas systématiquement: vous devrez lui en faire une demande parfois plus qu'appuyée.


Il faut cependant le comprendre: la délivrance de fapiao s'accompagne  d'une taxe d'émission de l'ordre de 5% du montant. Elle sert au surplus de base au calcul de la taxe professionnelle.


Mais même devant cette réticence, vous ne vous laisserez pas attendrir notamment si vous êtes employé. Vous comprendrez vitre l'intérêt d'un tel système pour vos frais fixes, car le principe est simple: pas de fapiao pas de remboursement. Une manne pour les trafics en tous genres vous vous en doutez.


Mais les fapiaos n'ont pas qu'un aspect tristement financier, ils ont aussi un côté ludique notamment dans les restaurants: n'oubliez surtout pas de gratter la petite case grise argentée en haut de votre ticket.

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Loterie nationale, elle permet de gagner des lots allant de quelques yuans à plusieurs centaines.


Ainsi le week-end dernier, alors que je n'avais peu ou pas pris l'habitude, je me suis prise à gratter mon petit rectangle d'argent et qu'elle ne fut pas ma surprise de découvrir non pas un "谢谢你" pour Merci à vous (ou encore Même joueur joue encore) mais "".

 

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Un lot de deux cents kuais, l'équivalent de 20 Euros, soit d'un bon repas pour deux personnes. Visiblement ce montant n'est pas usuel, je déclenchais en effet l'évènement dans le restaurant, au point de faire venir le manager qui m'invita solennellement à retirer mon prix à la banque de Shanghai, rien que cela.


Une nouvelle et truculente anecdote, pour des petits papiers qui ont assurément un prix mais qui peuvent aussi en être un.


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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 14:50

"Le technicolor n'est pas son fort;

Pacifique, les yeux au beurre noir sont pourtant sa marque de fabrique;

Malgré ses griffes et ses crocs, son péché mignon reste les végétaux;

Qui est-il?"

 

Vous l'aurez reconnu entre tous, je veux bien entendu parler, de l'adorable, de cette boule de poils: du Panda.

 

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Le Panda 大熊猫 Daxióngmāo, littéralement grand ours chat, fait l'objet d'une attention toute particulière dans l'Empire du Milieu, dont il est exclusivement originaire, et ce, plus spécifiquement encore, dans le Sichuan 四川, sa patrie.

 

Dans cette contrée du Sud-Ouest de la Chine, il est tout simplement im-pos-sible de passer à côté de ce mammifère. Erigé au rang de trésor, son effigie est reprise partout: sur les taxis, dans les magasins, et même sur les cigarettes.


A Chengdu 成都 la capitale sichuanaise, un centre de recherches ainsi qu'un parc sont entièrement dédiés à la protection et à la mise en valeur de cette espèce en grave danger de disparition. Il ne reste en effet que 2000 individus à l'état sauvage dans les montagnes chinoises.


Pédagogique, le complexe scientifique fait la part belle aux animaux qui extrêmement bien traités font quelque peu oublier le côté zoo, même si les enclos et les passerelles crépitantes de flash rattrapent un peu vite le visiteur.

 

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Ne vous attendez pas à être en tête à tête avec un Panda sauf contre espèces sonnantes et trébuchantes.

 

La réserve de Chengdu est avant tout une vitrine pour l'animal mais aussi pour les travaux scientifiques entourant sa préservation et sa reproduction.


L'ursidé a en effet d'extrême difficulté à se reproduire de manière naturelle ce qui n'aide en rien son maintien à l'état sauvage. Aussi des techniques d'insémination artificielle ont été mises en oeuvre avec succès en captivité: en 25 ans, 96 bébés pandas ont ainsi vu le jour à Chengdu.


Aucun cependant n'a été réintroduit dans la nature. Certains ont été donnés en cadeau par la Chine pour sceller une amitié internationale, d'autres ont été loués pour des sommes extravagantes.

 

A Chengdu se sont près de 80 pensionnaires en noir et blanc de tous âges qui vaquent à leurs occupations, occupations assez simples qui se résument à manger et dormir sur le plancher des vaches ou en haut des arbres. 

 

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Le Panda est en effet avare de ses mouvements, c'est une question de survie: son régime alimentaire ne lui permet pas de faire des dépenses énergétiques conséquentes. Car si le Panda est carnivore d'intestin, il est végétarien de fait et de goût, se nourrissant presque exclusivement de bambous.


Riche en fibre, le bambou est cependant extrêmement difficile à digérer pour en extraire les éléments nutritionnels essentiels. Il en faut ainsi près de 40 kilos pour nourrir un panda adulte qui l'ingère sous toutes ses formes avec une technique des plus admirables:


 

Placide, l'énergumène ira tranquillement digérer le restant de la journée tandis que les touristes émerveillés et dans un silence religieux continueront leur ballet autour de son enclos.

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 15:25

Nous allons faire un voyage.

 

Mais pas n'importe lequel: un voyage dans l'espace mais aussi dans le temps.

 

Je vous emmène vers Wenzhou 温州 dans le Zhejiang 浙江, une province côtière au sud de Shanghai. 

 

Là bas, tout n'est que montagnes et luxuriantes vallées. Une succession desculptures naturelles à grande échelle que la Terre a façonnées dans des temps anciens que l'humanité n'a pas connus.

 

Remontons donc le temps pour revenir 250 millions d'années en arrière, rien que ça, à l'ère Mesozoïque, période de bouleversements climatiques et tectoniques majeurs dont Yan Dang Shan 雁荡山 la belle est la résultante.

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YanDang Shan 雁荡山 est une aire montagneuse s'étendant sur près de 300 kms carrés, issue, et là est sa particularité, d'une intense activité volcanique. Des milliards de litres de magma en fusion se sont ainsi déversés pendant des milliers d'années pour réaliser ces formes plus biscornues les unes que les autres. 

 

De vertigineuses falaises constituées de Rhyolite, l'équivalent volcanique du granite, tranchent les nuages de leur roche rosée parsemée de minéraux qui lui donnent une brillance et une coloration changeante selon la lumière. Un véritable enchantement notamment par temps brumeux:

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Des paysages verdoyants parsemés de ruisseaux et de cascades dont les filets d'eau aspergent joyeusement des touristes émerveillés, béats devant tant de beautés.

 

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Propice à la réflexion à  la méditation, cet environnement mystérieux, presque mystique, a favorisé l'implantation de monastères mais aussi d'artistes, qui y ont (re)trouvé l'inspiration.

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Comment en effet rester de marbre face à ce spectacle grandiose? Comment ne pas se sentir tout petit, grain de poussière au milieu de ces géants centenaires à millions? Comment ne pas méditer et se laisser transporter par ces splendides paysages?

 

C'était sans compter les ravages du tourisme à la Chinoise, une fois encore. Même au milieu de ces paisibles monticules, la multitude humanoïde se rappelle à vous à l'aide de microphones mal réglés, de drapeaux agités par des guides exsangues, tentant de maîtriser des foules piétinantes peu attentives.

 

Dans certains des "spots" de Yan Dang Shan, les aménagements sont tels que les montagnes en perdent leur chinois pour devenir russes, avec des ascenseurs, des jets d'eau à pièces et des stands de tirs à l'arc et fléchettes en hauteur.


Certaines "attractions" frisent parfois le ridicule, comme ces barques trop grandes au milieu de ce qu'on peut appeler une mare:

 

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Le contraste en est saisissant, d'effroi et de surprise.

 

De millions d'années d'histoire, le retour vers le futur n'en est que plus âpre.

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 16:30

Mode de transport favori des chinois, le vélo est une composante essentielle de l'urbanité shanghaienne.


Electrique, à vitesse, avec cariole ou sans, la petite reine a définitivement tout d'une grande dans la capitale chinoise. 


Pas une rue, pas un trottoir sans voir débouler par tout temps, à toute heure, dans tous les sens, ces deux roues parfois brinquebalants, souvent chargés à outrance et presque toujours hors d'âge.

 

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Des kyrielles de vélos slaloment ainsi, arrivant sans crier gare dans un trafic dense et anarchique. Au milieu des taxis, des bus lancés à pleine vitesse, de frêles silhouettes voguent sereines, remontant les avenues à contresens, roulant sur les trottoirs sans aucun scrupule, jouant de leurs sonnettes à l'envi.

 

Les deux roues sont plus que des modes de transport alternatifs au métro ou aux autos: ils sont carrément des outils de travail. Ainsi peut-on croiser des vélos-fleuristes:

 

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Des vélos- camions de livraison/ bennes:


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Des vélos avec cuisine embarquée, machine à coudre, que ce soit à ballons, à poules, à barbe à papa, à poires, fraises et scoubidous: tout vous verrez tout sur un deux-roues!

 

Mais attention la conduite de ces engins n'a rien d'une sinécure. Il faut savoir être vigilants, ne jamais, ô grand jamais, baisser son niveau d'attention. Le chemin est rempli d'embûches, de surprises: à presque tous les carrefours, les tournants, les sorties de Shikumen. Oubliez priorité à droite, code de la route et vérifications des angles morts: le cycliste chinois tout comme l'automobiliste est seul sur la route. Ne vous attendez à aucune indication quant aux changements de direction ou aux insertions dans la circulation.

 

Il faut en permanence être sur le qui-vive, en alerte pour se faufiler, éviter, se dévier à la dernière minute. Un maître mot: AN-TI-CI-PER!


Mais quelle liberté, quelle facilité dans les déplacements, avec des pistes cyclables à contresens des voitures, des voies aménagées, un réseau de pistes dans des petites rues toutes mignonnettes.


Comme vous vous en doutez, la frisée n'a pas pu résister.

 

Les beaux jours arrivant, elle a cédé à l'appel du guidon, aux balades sous les platanes de la Concession Française, à la vitesse et aux dépassements quelque peu cavaliers.

 

Elle vient ainsi d'acquérir et d'étrenner ce matin même sa toute nouvelle bicyclette.


Dégoté sur un forum bien connu des expatriés français en Chine, le vélocipède en question est simple mais efficace:


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Rien d'ostentatoire, il est même carrément couleur locale: un brin rouillé aux jointures, grinçant des freins et des pédales, il ne détonne pas dans le flot des cyclistes qui se rendent chaque matin vers des destinations plus ou moins lointaines.

 

Si ce n'était quelques bouclettes, rien ne me distingue de mes homologues chinois: je dépasse, évite et roule sans peur, découvrant sous un nouvel angle les rues et avenues de ma ville d'adoption.

 

Et là, cheveux au vent, sur une selle un peu haute pour ma taille, des ailes me poussent et me revient en boucle:

 

 
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