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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 15:02

Ce week-end, j'ai joué les apprentis sorciers. Loin de moi l'idée de vous lancer un quelconque sort. Pourtant nous allons discuter formules et pas n'importe lesquelles.Celles qui régissent un sport automobile à qui elles ont donné le nom, les Formules 1.


Pas que je sois une fanatique de mécanique, de tournants et d'écuries, j'y étais même réfractaire voilà encore quelques jours en raison de leur rendu télévisuel complètement abrutissant.


 Mais, car il y a un mais.


Ce dimanche se tenait le Grand Prix de Shanghai, le troisième depuis le début de la saison. Me trouvant dans les parages, et toujours à l'affût de nouvelles expériences, je décidai de participer à l'évènement.


Les chinois n'étant pas, encore, entichés de ce type de sport, il restait non seulement des places par les canaux officiels, mais encore et surtout plus sur les marchés plus officieux.

 

Je me rendis ainsi tôt matin aux abords du circuit pour négocier au meilleur prix mon entrée. Dès la sortie de la station de métro, une volée de vendeurs se jetaient sur les passagers fraîchement débarqués leur lançant frénétiquement une litanie de "" (piào), "billet"en chinois. 

 

La négociation fut âpre, longue. Il fallut s'armer de patience face à des vendeurs filous qui négocient des entrées sans tickets, ou encore vendent des tickets du jour d'avant, des faux tout simplement scannés. Je trouvai finalement mon bonheur après trois heures de tergiversations sous un soleil de plombs: une vraie place en face des stands, sur la ligne d'arrivée, pour un prix défiant toute concurrence. 

 

Je m'installai donc ravie, dominant le fâmeux Circuit International de Shanghai 上海国际赛车场 (Shànghǎi Guójì Sàichēchǎng).

 

Bâti en 2004 et long de 5,4 kms, ce circuit a la forme, intentionnelle ou non, du  caractère Shang  composant le terme Shanghai 海 signifiant "plus haut".

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 Composé d'une multiplicité de courbes et de lignes droites, il favoriserait selon son concepteur, les dépassements et autres surprises de course.

 

Attendant son début, j'observais de l'autre côté de la piste la fébrilité d'avant-départ des mécanos et responsables techniques qui restaient néanmoins concentrés malgré les animations un brin kitsch se déroulant à quelques mètres. Celles-ci finies, tous ces hommes encagoulés et encasqués, tirant de chariots de matériels et pneus se déployèrent sur l'asphalte telle une fourmillière.

 

Puis quelques instants plus tard, déchirant le silence relatif, une première voiture bondit de son stand suivie de toutes les autres pour aller se positionner sur la ligne de départ et se faire préparer.


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C'est le moment où l'ensemble de la tribune se rua sur ses doigts, bouchons d'oreilles ou autres casques anti-bruits à disposition ou qu'offraient ça et là d'ingénieux vendeurs à la sauvette pour tenter de sauvegarder leurs capacités auditives. 

 

Le ciel bleu tranchait avec l'atmosphère d'orage qui régnait sur le circuit. La tension était à son comble, exaltée par le tour de chauffe qui porte définitivement bien son nom.


A l'approche du départ, une cacophonie de vrombissements, de crissement de pneus, de cris  et d'excitation mêlés emplit les tribunes. Un frisson parcourut l'assemblée lorsque les feux passèrent au vert. Dans une explosion sonore, les F1 s'élancèrent et disparurent dans le premier virage en un clin d'oeil.


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C'était parti pour 56 tours d'environ 1 minutes 42 chacun. 56 tours de dépassements, de suspense, d'arrêts aux stands impressionnants de rapidité et de précision. Un festival de démonstration technique et de virtuosité.


Moi, pourtant si critique à l'endroit de ce sport, je n'en ai pas raté une miette, pas une seule action, pas même ce dépassement dans les 5 derniers tours de de Sebastian Vettel en pôle position par Lewis Hamilton ou encore cette sortie de route de Mickael Schumacher, ni la remontée fulgurante de Webber.


Jusqu'à l'arrivée et la remise des trophées, je suis restée, sous l'emprise de la formule, accaparée, sous son charme envoûtant.


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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 15:07

La descente vers des reliefs moins accidentés se fit par bus à tombeau ouvert sur des routes sinueuses et étroites mais toujours dans des paysages de cartes postales.

 

Je repassai ainsi par les gorges du Saut du Tigre par la route y admirant une fois encore les rapides du Yangtsé et constatant les ravages du tourisme de masse sur ses hautes rives

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D'énormes cars déversaient sur d'immenses parkings des centaines d'hommes, femmes et enfants armés d'appareils et de caméras qui photographiaient frénétiquement chaque once d'une vue défigurée par le bitume et les détritus laissés sans scrupule aucun.  

 

Au sortir de ce monument naturel, je me pris à frissonner: qu'allaient devenir ces gorges d'ici quelques années, lorsque la voie touristique s'étirera tout leur long entraînant dans son sillage, pollution et destruction? Que des berges auront été aménagées, contrariant le cours du fleuve pour draguer un autre le flot, celui des vacanciers? Ce colosse aux pieds d'argile survivra-t-il au consumérisme touristique?

 

Je pris rendez-vous dans 10 ans, et tournais le dos à regret à ces époustouflantes aiguilles et à leur Tigre bondissant.

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Peu à peu, au fur et à mesure des tournants, les montagnes laissèrent place à des collines de moins en moins hautes puis à des vastes vallées au fond desquelles siégeait l'ultime étape de mon séjour dans les nuages: Lijiang.

 

Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, Lijiang 丽江, littéralement "beau fleuve", est une ville moyenne d'un million d'habitants majoritairement issus de la communauté naxie, au bord du fleuve Yangtsé.

 

Elle connaît aujourd'hui un afflux de touristes croissant. Ils sont ainsi plus de 4 millions chaque année à se presser dans sa vieille ville si caractéristique.

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Un quartier couru et résistant. En 1996, un violent séisme qui a mis à bât bons nombres des plus récents bâtiments n'a pas fait frémir la moindre tuile de ces constructions traditionnelles naxies.

 

Cependant, si résistant qu'il soit, cet ancien site est en train de succomber à la touristite aïgue: multiplication de commerces, standardisation des échoppes, va et viens incessants dans une fausse ambiance folkorique. Lijiang s'apparente ainsi plutôt à une immense réserve où déambulent des naxis présumés en costumes locaux, qui s'offrent en photos pour quelques yuans, exécutant sans conviction des danses à la demande.

 

 

Un triste spectacle rejouant le mythe du bon sauvage.

 

Un dur retour à la réalité du tourisme en Chine qui privilégie la quantité à la qualité, le trop au mieux, la masse sur l'individu.

 

C'est ainsi que je redescendais de mes nuages à la fois pleine de souvenirs mais aussi consciente de leur fragilité. Consciente que ces images pourraient d'ici quelques temps n'exister que sur papier glacé.


 

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 08:30

Poursuivant ma route vers le nord de la vallée de Haba, la destination suivante fut celle du village de Baishuitai, 白水台, un des berceaux de la culture Naxie. 

 

Le peuple Naxi 纳西, littéralement "peuple adopté par l'Ouest", est une éthnie minoritaire originaire du Tibet qui se regroupe essentiellement dans le nord du Yunnan. Extrêmement ancienne, cette civilisation est essentiellement fondée sur la religion dite Dongba 东巴 qui magnifie la nature et les esprits notamment des prêtres mi-chamans mi-lamas qui la célèbrent.

 

Baishuitai constitue l'un des hauts lieux de pélerinage Dongba. Tout naxi se doit de venir se recueillir au moins une fois dans sa vie en un lieu extraordinaire sur les flans d'une montagne à l'ouest:

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Recouvrant une parcelle de 200 m de long sur 500 m de large, ces cascades d'eau semblent tout droit sortie d'un rêve ou d'une oeuvre daliesque. Constituées de cristaux de carbonate de calcium ayant précipité par l'action du dioxyde de carbone, cette sculpture n'est que l'oeuvre de Dame Nature et du temps.


Je me promenais ébahie dans ce paysage si particulier admirant les reflets azurs et changeants de ces bassins d'où l'eau s'écoule, ruissellant sur ce revêtement rugueux dans un doux bruit.


Je décidai de remonter le faible courant, rencontrant en chemin des paysans qui se rendaient à un temple Dongba improvisé au milieu des arbres. Je me perdis dans cette forêt de pins à la recherche de ce ruisseau cristallisé qui tranchait encore une fois avec la riche terre yunnanaise.

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Aux alentours, la campagne étalait ses terrasses toutes vertes d'épis et de blé et d'avoine. Au loin quelques champs de colza illuminaient un horizon constellé de nuages grisonnants. Je parcourus les espaliers de cultures, longeant les murets, escaladant les fossés et aqueducs pour finalement m'y arrêter et tout simplement admirer. 

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Au sortir de ces rencontres du troisière type, toute encore émerveillée, je fus ramenée à la réalité par une villageoise qui, photos et lettres de recommandation à l'appui, me vanta les mérites de son auberge.

 

N'ayant pas de gîte pour la nuit et me plaisant dans cet univers de quiétude, j'établis mes quartiers en sa demeure, une ferme toute mignonnette peuplée de chiots, poules et poussins en nombre. 

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Mon hôtesse se mit immédiatement à l'action, en digne représentante  de la société matriarcale naxie dont les femmes sont la pierre angulaire. Ces messieurs n'ont pour une fois qu'à bien se tenir, car elles dé-mé-na-gent!

 

L'heure du repas arrivant, elle servit un thé à la menthe du tonnerre avant de m'accompagner dans la cuisine pour me faire choisir les composants de mon dîner. Et quelle surprise lorsque j'entrais et me retrouvais devant son "réfrigérateur" :

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Entre culture et étal de marché, les légumes et plantes étaient d'une beauté et d'une fraîcheur à couper le souffle, tellement que j'eus du mal à me décider.

 

J'optais finalement pour une soupe de trèfles revigorante, des côtes de boeuf à la menthe au goût divin, des haricots plats pimentés à la verdeur croquante ainsi que des champignons un peu gluants mais parfumés à souhait. 

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Ajoutez à cela un bol de nouilles maison légèrement épicées et, une fois n'est pas coutume, un dessert succulent sous la forme de noix revenues à la poêle avec un peu de sucre: vous aurez, dans un décor coloré plein de chaleur, le plus parfait des dîners pour finir en beauté une journée enchanteresse. 

 

Saluons bien bas d'ailleurs ce chef étoile en son pays des merveilles:

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 17:07

Après tant de magnificience, il était hors de question de revenir si tôt à la civilisation. La décision fut prise de continuer mes pérégrinations vers la vallée de Haba au nord des Gorges du saut du Tigre.


Logé juste en dessous de la montagne éponyme, Haba est un hameau qui vit de la terre, par l'agriculture et l'extraction de granit, mais aussi  et surtout du tourisme alpiniste que commence à génèrer ladite colline qui culmine tout de même à 5396m.

 

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Au risque de vous déplaire, l'ascension du Mont Haba sera pour une autre fois faute de matériel adéquat, mais l'aventure qui va suivre est d'aussi bonne facture dans un autre registre celui de l'improvisation, qui fut le leitmotiv de l'épisode Yunnanais.


Car si les Gorges du bondissant félin sont fléchées et très empruntées. Le chemin pour Haba est tout à fait sauvage, dépourvu de toute espèce d'indication.


Sans carte ni boussole, avec une organisation sous le niveau du Yangsté,l'affaire semblait pliée d'avance sauf que... je suis en Chine, et en Chine l'impossible devient possible.


J'avais en effet au détour d'une conversation fait part de mon dessein d'excursion à mon hôte de Walnut Garden, l'aimable Woody en son chateau, qui avait passé quelques coups de fil de son côté mais sans résultat.


Confiante et surtout butée, je pris néanmoins la route vers la probable localisation du sentier. Route n'est cependant pas le terme approprié tant  cette portion était en chantier avec des roches saillantes proche de l'éboulement et des stations bitumineuses expulsant flammes et fumées au milieu de barils de pétrole à moitié ouverts qui se déversaient sur le sol dans l'indifférence générale. Edifiant!

 

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 Je continuais toutefois mon chemin jusquà ce qu'au détour d'un virage, apparaissent des maisons et au loin au bord de la route une jeune fille, bientôt rejointe par deux hommes dans un drôle d'engin.


Je ne fis pas le lien immédiatement avec Woody et ses appels mais je compris assez rapidement que parmi ces individus devaient se trouver un guide,  mon guide, ce qui me fut confirmer quelques instants plus tard: définitivement la Chine et les chinois sont formidables.

 

 

Les échanges furent brefs, mais ciblés sur le montant de la transaction. Pour 120 yuans (12 euro), Haba était à portée de jambes grâce à un tout petit bonhomme frêle presque chétif qui ne payait pas de mine.


L'affaire conclue, sans plus attendre, sous un soleil au zénith, mon guide, mon accolyte et moi entâmames une longue montée au milieu d'embaumantes forêts de pin.

 

L'agile guide, dépourvu de sacs à dos, maintenait un rythme soutenu zigzagant entre les arbres, suivant un chemin invisible à nos yeux.


Nous passerons en sa compagnie silencieuse un premier col, puis une vallée asséchée à la roche blanche aveuglante pour achever par une ascension vertigineuse dans un bois à la terre rougeoyante si caractéristique du Yunnan .


Ce n'est qu'après ce périple que nous déboucherons sur l'imposante vallée de Haba avec ses cultures en terrasses et ses montagnes à perte de vue:

 

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Avec peu de mots, ce guide s'ouvrira au fur et à mesure de notre parcours, nous montrant oiseaux, traces de mammifères, récoltes de sève et autres cultures pour réaliser des babas粑粑 ,ces pains de blé qu'il nous offrira au déjeuner.


Il essaiera de nouer un dialogue, posant quelques questions, sur nos âges, mon appareil photo. Nous apprendrons à notre tour, qu'il a 25 ans et qu'il est papa d'une petite fille et d'un garçon, sans jamais cependant connaître son nom.


Il nous amènera en un temps record à destination, nous déposant même à l'auberge locale.

 

Après ces quelques heures passées ensemble, le moment des au-revoirs fut plein d'intensité: même si nous en avions eu la possibilité nous n'aurions pas su quoi dire. En quelques heures, au delà mots, au delà de nos différences de langues, de cultures, de monde, un lien s'était tissé.

 

 

Je le regardais partir, presque mélancolique, et  le suivais du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse au détour d'un virage comme il était apparu.

 

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 15:48

C'est sous l'effet du thé au beurre de yak que je continuais mon épopée yunnanaise, en bus, vers le but initial de mon séjour à savoir les gorges du Saut du Tigre 虎跳峡 (Hǔtiào Xiá).


Creusées par le fleuve Yangsté 扬子江 (Jīnshā Jiāng), elles rendent ainsi hommage à un tigre qui, selon la légende, aurait sauté d'une rive à l'autre pour échapper à un chasseur réalisant un bond record de 25 mètres a minima.


Serpentant entre la montagne du dragon de Jade 玉龙雪山 (Yùlóngxuĕ Shān) et la montagne de Haba 哈巴山 (Hābā Shān), deux monts enneigés dépassant les 5000m d'altitude, ces gorges constituent le canyon de rivière le plus profond du monde, offrant à ces visiteurs des paysages grandioses.

 

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Deux trajets peuvent être empruntés pour longer ses impressionnants rapides: la route du bas fréquentée par des kyrielles de bus et de touristes à flash et le chemin du haut beaucoup plus sauvage qui se pratique à pieds ou à cheval.


Chaussures de randonnées aux pieds, j'optais avec force et détermination pour les pentes escarpées de la montagne Haba, il ne pouvait en être autrement.


La balade s'avéra  ardue en raison de mon état de forme et de l'extrême variété des reliefs. Des plats sablonneux, des sentiers caillouteux et des montées vertigineuses qui n'eurent pas raison de mon enthousiasme. Même les fameux 28 tournants, qui en paraissent le triple, n'ont pas découragé la vacancière, la transformant uniquement en une machine à marcher en mode automatique.

 

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Elle aurait pu, cette touriste, céder à la tentation de louer les services d'un âne offert par d'habiles villageois. Le bourricot l'aurait ainsi délestée à tout le moins de son sac voire sa personne et de quelques pièces bien superflues. Mais  c'est mal connaître la randonneuse...


Et que la récompense de cet acharnement est belle: des paysages sublimissimes, de l'effort et la satisfaction de s'être dépassé encore et toujours plus haut, de voir plus loin, tel un nain sur les épaules de ces géants de pierre.


La seconde partie des gorges est beaucoup plus équilibrée avec toujours des vues mirifiques.


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Elle est aussi marquée par une descente au plus près du tumultueux fleuve Yangtsé dont les énergiques courants n'ont été domptés que très récemment et pour cause: 

 

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Ce n'était cependant pas l'ultime étape du parcours, une magnifique remontée vers le village de Walnut Garden finit cette merveilleuse randonnée. Une arrivée progressive dans des champs de blé, d'avoine en terrasse tout entourés de montagnes enneigés.


Un bourg de quelques dizaines d'habitants paisibles et extrêmement accueillants, vivant simplement dans un cadre idyllique, un petit coin de paradis...

 

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 10:37

Vous vous en doutez, mon tour dans les nuages fut l'occasion de faire connaissance avec la gastronomie locale d'une richesse étonnante.

 

Ma première approche fut la spécialité de Kunming, j'ai nommé les Nouilles-qui-traversent-le-pont.

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Ce plat typique doit son nom à une épouse dévouée qui chaque jour apportait à son mari travaillant sur une île des nouilles de riz. Elle avait par l'usage trouvé le moyen de les garder chaudes grâce à de l'huile mélangée au bouillon des pâtes. La graisse fonctionnant comme un isolant maintenait les nouilles à température.

 

La recette se perpétue depuis plus de 100 ans. Elle consiste en un bouillon de poulet brûlant et pimenté dans lequel sont jetés pour les cuire, devant vos yeux ébahis, tous les ingrédients crus à savoir des nouilles de riz, trois types de viande coupée finement, un oeuf, des légumes et aromates. Le tout est extrêmement goûtu: un festival pour les yeux et les papilles. 

 

D'autres recettes ont éveillé mes sens comme par exemple le boeuf épicé coupé en fines lamelles et mariné dans une sauce au poivre et à la menthe. Une explosion de saveurs et d'épices.

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Il y eut aussi beaucoup de laitages et de fromage notamment de brebis. Un des plats les plus originaux fut sans conteste le fromage de brebis frais et frit accompagné de confiture de lait: un régal où le fromage salé croustillant fond et se mêle à la douceur sucrée et subtile de la confiture.

 

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La proximité des montagnes et du Tibet a des influences non seulement dans les traditions religieuses, comme vu précédemment, mais aussi culinaires.

 

J'expérimentais ainsi un restaurant tibétain à Shangri-La/Zhondian, découvrant au passage que la base de l'alimentation dans ces hautes contrée est constituée majoritairement de yak. Il constitue un élément indispensable de la culture tibétaine. Je le goûtais frit accompagné de piments, ce qui n'a pas été ne fut pas une réussite gustativement parlant mais qui se laissa manger cependant. Le côté filandreux de la viance frite n'a pas entraîné mon adhésion.

 

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L'autre spécialité tibétaine est le fromage de yak séché émietté et confit dans du miel. Une combinaison dégustée avec du pain fait maison et encore chaud: un mariage des plus réussis avec toujours ce mélange sucré-salé qui me conquiert à chaque fois.

 

Pour accompagner le tout, nos hôtes nous servirent le fameux thé au beurre de yack 酥油茶 (su you cha): un breuvage concocté à base de thé, de sel, de beurre et de lait de yak. Son goût prononcé n'a pas du tout été du mien, je n'en buvais que quelques gorgées et subissais ainsi ma première déroute gastronomique, me faisant un effet yak si je puis dire...

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 10:46

Chose promise, chose due! Voici le retour de la frisée en bonne et due forme avec, non pas un, mais une série de billets, tous en légèreté, pour vous conter mon voyage dans les nuages. 

 

Il est en effet une contrée en Chine appelée Yunnan,au Sud  des nuages , une province au sud est des montagnes tibétaines, ce qui lui a probablement donné son nom


Le Yunnan recèle des merveilles naturelles comme peu de provinces en Chine, des trésors d'une diversité étourdissante: des forêts tropicales, des rizières au Sud, et des montagnes au Nord qui rivalisent de hauteur avec leurs voisines du Tibet si proche.

 

C'est dans cette dernière partie montagneuse que mon escapade s'est déroulée. Escapade qui a commencé par une escale dans la capitale Yunnanaise, Kunming昆明.

 

Cette petite bourgade à l'échelle de la Chine (1 million d'habitants) jouit d'un climat doux toute l'année même à son altitude proche de 2000m. Avec 20° pour un mois de mars, des bougainvilliers palmiers et autres arums en fleur, l'ambiance était à la détente et au tee-shirt.

 

C'est ainsi que j'ai divagué dans les rues, les parcs, jusque sur le fâmeux Lac Vert pour une balade en pédalo.

 

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Cette dernière expérience somme toute banale a bien failli tourner au fiasco, si ce n'est, en rond. Victime d'une avarie de gouvernail, je dus accoster en catastrophe sur les berges d'un restaurant au milieu de clients interloqués.

 

L'explication aux gardiens en charge de l'embarcadère fut tout aussi épique. Encore une situation rocambolesque qui n'a pas fini de me faire rire et qui s'est soldée par un remorquage laborieux en bateau à moteur.

 

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Je n'en avais cependant pas terminé avec les transports: il y a parfois des journées comme ça...

 

Le soir même lors de mon vol qui devait m'amener à Shangri-La, 200 kms au nord, l'avion, retardé dans un premier temps de quelques heures, n'a finalement pas pu se poser en raison de conditions météorologiques trop mauvaises.

 

Je fus donc quitte pour un original et chaotique aller-retour Kunming-Kunming avec survol de Shangri-La de nuit par pleine lune, avec à la clé une nuit dans un hôtel 4 étoiles aux frais de la compagnie aérienne. 

 

Le lendemain tôt matin, sous un soleil timide et après un attérissage tout en secousse, je débarquai, enfin, sur les hauts plateaux enneigés de Shangri-La, à 3200m d'altitude.

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Enfin... "Shangri-La" parlons plutôt de l'auto-proclamée comme telle.

 

En effet, initialement, le bourg de 120 000 habitants se nommait Zhongdian, 中甸, mais en 2001, sous l'impulsion des autorités chinoises locales, il prit le nom de Shangri-La, cette vallée perdue inventée par James Hilton dans son roman Horizon Perdu publié en 1933 et dont Frank Capra tirera un film en 1937.

 

Une manne avant tout financière pour une région peu développée du fait de son isolement. Et cela fonctionne: en 2008, plus de 3 millions de touristes s'y sont rendus.

 

Si sa vieille ville, extrêmement commerciale a un interêt relatif, Shangri-La/Zhongdian n'a en soi rien d'extraordinaire, ce sont plutôt ses environs qui méritent le détour pour des randonnées mais aussi des retraites spirituelles.

 

Car, à quelques 5 kms de Shangri-La, sur une butte,  se trouve le Ganden Sumtselling, le plus important monastère bouddhiste du Sud Ouest de la Chine.

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Lamasserie bâtie en 1679, elle abrite encore aujourd'hui quelques 700 moines de tous âges qui appartiennent à l'ordre Gelugpa du Dalai Lama, caractérisé par des bonnets jaunes reconnaissables entre mille.

 

Propice à la méditation, cette visite fut très instructive sur les pratiques des moines auxquelles j'assistais par hasard: un moment de recueillement et de vie intense au son de leur chant guttural si prenant. 

 

Je restai en leur compagnie quelques instants, fascinée par ces prières et rituels que je ne comprenais que peu. J'en ressortis la tête dans les nuages et l'esprit aussi léger que les guirlandes de prières qui flottaient dans le ciel.

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 08:00

Enfin le retour de la frisée après quelques pérégrinations chinoises qui l'ont tenue loin des airs shanghaiens.

 

Avant de vous abreuver de nouvelles anecdotes et paysages mirifiques, je voulais vous faire partager l'interview qu'Iman Bassalah a réalisée de ma petite personne et qui est publiée ce mois-ci dans le net'zine Mon Art et le Droit:

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Elle vous donnera un aperçu de mon activité en Chine et des clés pour comprendre le fléau de la contrefaçon dans cette contrée.

 

Vous trouverez cette interview en page 23 après avoir cliqué sur le lien suivant http://www.monartetledroit.fr/gazette/g0311.html.

 

Bonne lecture à vous et à bientôt!


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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 16:06

Parlons aujourd'hui du son de la Chine, de son bourdonnement entêtant et parfois si musical 

 

Dans l'Empire du Milieu, l'ouïe est en effet le sens le plus sollicité, il l'est même en permanence. 

 

Le bruit est une constante, parfois agressive dans la vie quotidienne mettant à rude épreuve des tympans peu habitués à un tel tintamarre. Ici des klaxons intempestifs, là des feux d'artifices et pétards, mais encore des raclements de gorge et/ou de nez prononcés peu usuels sous vos latitudes.

 

Les concertos d'onomatopées sont ainsi un fond sonore tout à fait typique qui pourraient faire oublier la signification du mot silence, rare et d'autant plus précieux. 

 

Si le bruit est omniprésent, le son sait aussi se faire apprécier. Ne tirez pas de conclusions hâtives, l'art musical chinois est tout sauf en reste, c'est affaire sérieuse, presque religieuse. Le chant a ses temples dédiés religieux comme profanes sous la forme de KTV et la musique, ses adeptes invétérés. 

 

Car, au milieu de ce chaos sonore, la musicalité surgit dans comme hors les murs, surtout là où on ne l'attend pas.

 

Un chant d'oiseaux, nombreux comme animaux de compagnie:

 

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Menate - Suzhou

 

Un joueur de flûte sur un muret devant l'autoroute, une joute en plein milieu d'un marché de erhus, ces violons chinois, atypiques:


 

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Musiciens dans le marché aux pierres et aux antiquités de Suzhou 

 

Il n'est pas rare d'entendre, de croiser des individus poussant la chansonnette, discrètement, comme un fin murmure: dans la rue, dans les cages d'escalier, ou dans les cours, en bas de mon immeuble.

 

Ainsi tous les matins, je croise une femme aux yeux plein de malice avec un visage enfantin tout fripé. Elle chantonne devant sa porte, des airs tout en douceur et justesse dans ces quart de tons qui sonnent si étrangement aux oreilles occidentales. 

 

L'espace public est un véritable terrain de jeu musical avec son centre consacré: le Parc, ce lieu de prédilection des évènements musicaux informels.

 

Chaque week-end, les parcs chinois, et plus particulièrement shanghaiens, s'emplissent de mélomanes qui se retrouvent pour discuter, chanter, jouer, danser. Une véritable institution, un moment de détente particulièrement appréciable, un îlot de paix au milieu du tumulte bruissant.

 

Sur les bancs des groupes de musiciens et chanteurs rivalisent d'audace et de justesse devant des badauds qui murmurent à l'unisson les paroles. 


Au milieu des allées s'élancent des danseurs de tous âges qui virevoltent au son du tcha-tcha-tcha, du tango ou de la valse.

 

Prenons nous aussi le pas de deux et ensemble virevoltons au son d'une chanson. Pas de gêne à l'horizon, sortez vos habits du dimanche, et en cadence, entrons dans la danse...

 

 Parc de Fuxing - Shanghai 

 

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 10:00

En ce 8 mars, peut-être ne le savez-vous pas, mais c'est la journée de la Femme. 

 

Si dans nos lointaines contrées occidentales, la plupart de membres du sexe féminin l'ignore, ce jour de fête international est ainsi reconnu par les Nations-Unies depuis 1977.

 

Pas que j'affectionne particulièrement ce genre de manifestation qui range la femme au rang de la lèpre, de la faim dans le monde ou du développement durable. Je me suis d'ailleurs toujours demandé la raison de cette limitation à 1 seul et unique jour pour la femme comme pour toutes les "journées de"... qu'en est-il des 364 autres?!

 

Bref, trêve de débat fémino-féminisme, tel n'est pas mon propos.

 

Je voulais avant tout vous faire partager la fête de la Femme en Chine; ce moment particulièrement suivi. L'Empire du Milieu a étonnamment été le précurseur de la célèbration féminine étant à l'origine de sa première édition en 1924 à Canton.

 

Etre femme en Chine n'était effectivement pas une sinécure. Il fallait lui rendre hommage au moin un jour par an.

 

Le sexe féminin n'est pas en effet l'objet d'une considération débordante dans la culture chinoise. Dès la naissance, la préférence va en effet au garçon qui traditionnellement transmet le patrimoine, le nom de la famille et s'occupe de ses parents une fois devenu vieux alors que les filles sont considérées comme des poids financiers à perte, qui disparaissent une fois mariées.

 

Les avortements de foetus à double X ont été et sont ainsi beaucoup plus fréquents au pays de l'enfant unique: quitte à avoir une seule chance autant que ce soit un représentant XY. 

 

La femme était aussi déconsidérée globalement dans la société, avec des conséquences notamment dans la vie professionnelle: moins présente, moins payée que ses homologues masculins, l'absence de reconnaissance la poursuivait sa vie durant. 

 

Mais cette tendance s'estompe petit à petit, et avec le déficit de filles généré par les avortements sélectifs, les femmes chinoises sont en passe de renverser la tendance et de prendre le pouvoir.

 

Et avec 117 hommes pour 100 femmes, elles n'ont que l'embarras du choix et leur en font voir de toutes les couleurs. Il est ainsi courant de voir en pleine rue des scènes de jeunes filles, et de moins fraîches, hurlant voire frappant leur moitié ou ce qu'il en reste. Le représentant dudit sexe fort est alors remisé à ravaler toute fierté, stoïquement, le sac de la capricieuse hystérique autour du bras, le regards lointain, presque absent. 

 

Les femmes chinoises ont aujourd'hui gagné la reconnaissance de la société avec un niveau d'éducation et de réussite professionnelle similaires à la gent masculine qui sous la pression sociale perd de sa traditionnelle superbe.

 

De là qu'il y ait prochainement une journée de l'homme en Chine, ce sera sans doute la prochaine étape!

 

Mais pour le moment, ce sont encore les femmes chinoises qui reçoivent le 8 Mars, félicitations, cadeaux et demi-journée de repos pour leur journée officielle.

 

J'ai moi-même eu un présent offert par mon entreprise, un cadeau quelque peu déconcertant: une boîte de chocolats. Une attention somme toute sympathique mais qui m'a laissé un goût amer...

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Une boite de 500 grs de TRUFFES!! Y aurait-il un message?! ;) 

 

Alors, Mesdames et Demoiselles, vous n'êtes pas des truffes,

Excellente journée de la Femme à vous!

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