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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 16:58

Ouvrez grands vos yeux, vous allez en prendre plein la vue. A coup de pétards et de feux d'artifices bien entendu, ces explosions si caractéristiques du Nouvel An Chinois.


Il ne dure cependant pas éternellement, se clôturant le 15e jour du premier mois lunaire, comprenez le 16 février 2011, par un cérémonial particulier tout en lumières.

 

Cet évènement appelé poétiquement, fête des lanternes 元宵节 yuánxiāojié, rend hommage aux moines bouddhistes qui avaient coutume de célébrer les reliques du bouddha et de saluer les génies en allumant des lampes. 

 

De nos jours, cette tradition ne faiblit pas, au contraire: elle donne lieu à de truculents rassemblements où parents, enfants déambulent dans des rues bondées, lampions à la main.

 

Mais pas seulement. Des festivités sont organisées partout en Chine pour une dernière fois faire honneur à l'animal calendaire, cette année, ainsi que vous le savez, le lapin.

 

A Shanghai, la Vieille ville s'est revêtue de ses plus beaux atours en arborant d'immenses lanternes, guirlandes et autres personnages lumineux. Une exposition tout en watts et musique qui l'a transformé l'espace d'une nuit en un parc d'attraction grandeur nature:


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Des lampes, des défilés et de la bonne humeur dans une joyeuse confusion des genres et des références. Des encarts publicitaires côtoyaient ainsi signes astrologiques chinois et scènes mythologiques sur le lac entourant la désormais célèbre Maison du Thé.


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Des symboles sont cependant restés sans explication ni compréhension. Il faut dire que l'endroit n'est pas propice à la discussion. Dans un brouhaha de musique, il faut avant tout jouer des coudes pour pouvoir avancer, au milieu d'une foule compacte et excitée, qui rejoue la sortie de métro aux heures de pointe.

 

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Hors de question dans ses conditions de s'arrêter pour s'enquérir de la signification de ces tableaux, ou même de maîtriser complètement ses déplacements, il faut suivre le mouvement au risque de ne plus toucher le sol. L'expérience est à vivre une fois dans sa vie.

 

Se trouver au milieu d'individus arborant oreilles de lapins, lampions clignotants, brochettes de viande, de fraise et barbapapas, qui photographient frénétiquement chaque once du pont, des lanternes, se poussant allègrement sans scrupules est tout à fait déconcertant.

 

Tout comme d'ailleurs, l'arrivée au centre du pont et se retrouver face à des divinités encore une fois inconnues, qui bénissent le conglomérat de passants tout d'un coup beaucoup plus recueillis, réservés voire même concentrés.

 

Il faut en effet, pour s'attirer les bonnes graces des divinités, arriver à mettre une pièce sur un autel de soie rouge qui trône en contrebas du passage.

 

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Un exercice d'adresse qui n'est pas aisé. Je m'y essayais sans grand succès sous l'oeil amusé de mes très (trop) proches voisins...

 

Outre ces évènements encadrés et officiels, se déroulent aussi des instantanés privés, durant lesquels les Shanghaient prennent possession de leur ville.

 

Comme au milieu de la Nanjing Lu 南京路 où, tout d'un coup, se sont rassemblées une dizaine de personnes autour d'un lampion rouge. Ensemble, elles l'ont allumé, soutenu, jusqu'à ce qu'il prenne son envol doucement sous leurs regards émerveillés.

 

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Cette lanterne a lancé dans le ciel de Chine, tous leurs souhaits pour cette nouvelle année, au milieu d'explosions qui ont retenti à l'unission pour une dernière fois avant l'an prochain. Un moment magique plein de poésie et d'espérance.


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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 15:20

Les vacances du Nouvel an Chinois sont indiscutablement l'occasion de vous faire découvrir le principal moyen de locomotion en Chine pour les longues distances à savoir le train.

 

Chaque année, durant cette période festive, plus d'un milliard  et demi d'individus se croisent sur le réseau ferroviaire chinois, l'un des plus grands du monde avec plus 70 000 kms de voies.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1a/ChinaRailwayNetwork.png

 

J'avais, pour ma part, choisi de partir, ainsi que vous vous en souvenez, pour Hangzhou. Pour s'y rendre, vous avez effectivement l'embarras du choix entre le bus, le taxi, le covoiturage, mais le plus économique, le plus diligent et le moins aléatoire des transports reste tout simplement de prendre le train.

 

Tout simplement n'a, cependant en Chine, plus la même signification, comme vous avez pu le constater lors de mon billet lessiviel. Il sera de même pour ce mode de déplacement.


Si trouver une gare à Shanghai n'est pas difficile, trouver la gare de départ est déjà un exercice en soi. Car entre la gare ferroviaire principale, 上海火车站 Shànghǎi Huǒchē Zhàn, la gare de Shanghai Sud 上海南站, Shànghǎi Nánzhàn, la gare de Shanghai Ouest 上海西站  Shànghǎi Xīzhàn et celle de l'Aéroport de Hongqiao 上海虹桥站;  Hóngqiáo Huǒchē Zhàn, il y de quoi y perdre son chinois...

 

Celle du Sud, flambant neuve facile d'accès par le métro de mon domicile eut ma préférence:

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d5/Shanghai_South_Railway_Station_01.jpg

 

Je m'y rendis pour y réserver un billet A/R Shanghai<->Hangzhou. Il existe bien entendu, pléthore d'agences qui vous faciliteront les démarches mais je décidais cependant de prendre le train par les commandes et d'aller sur le terrain en totale immersion.

 

Si ma première intention fut de me diriger vers les guichets comme dans n'importe quelle gare, je me ravisai cependant, constatant non seulement l'interminable queue qui serpentait dans tout le hall et surtout l'absence d'interlocuteurs parlant anglais. Je ne me résignais pas et remontais au niveau supérieur pour m'approcher d'une de ces machines qui trône dans l'entrée de la gare et qui selon la légende, délivre des billets pour le jour même.

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Je tentai ma chance pour le surlendemain pariant sur un malentendu. En choississant le menu anglophone et après quelques instants d'acclimatation, d'hésitation, d'alternance linguistique, l'engin dompté obéit à ma requête.

 

Je découvris alors les subtilités du train chinois, où n'existent, non pas deux catégories de classes, première et seconde, mais cinq: les sans-sièges, les sièges à l'assise dure 硬座 yingzuo, ceux à l'assise molle 软卧 ruanzuo, les couchettes dures 硬卧 yingwo et les molles 软卧 ruanwo


N'ayant plus que le choix entre sans-siège et siège dur, je pris cette dernière proposition pour la modique somme de 58 RMB l'aller-retour, soit 6 euros pour 4 heures de trajet: imbattable. Je rentrai alors chez moi toute ravie de ce succès minime.

 

Je revins à la gare le lendemain du Nouvel An Chinois, sans me presser, croyant naïvement être seule à bord du train. J'avais tort. La gare était pleine à ras-bord d'enfants, parents, grands-parents et bagages par centaines pour la grande transhumance annuelle. 

 

C'est avec une véritable marée humaine que je me dirigeai vers de minuscules trains, dont je doutais alors qu'ils puissent contenir le flot d'individus qui se déversait sur le quai:

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Et pourtant, pas un ne restera sur le quai, lors du départ.

 

Cherchant mon wagon et son siège à assise dure, je constatais, une fois n'est pas coutume, que j'étais la seule étrangère au milieu d'une avalanche d'hommes, femmes et enfants braillant au milieu de valises, cartons et sacs. Le tout enrobé dans un fond sonore de radio dance un peu trop fort à mon goût. 

 

Faisant abstraction des regards étonnés et appuyés des spectateurs de mon arrivée, je trouvai ma place, montai comme je pus ma valise et m'assis tranquillement sur mon siège qui ne fut pas si dur que cela, équivalant largement ceux des RER parisiens s'il fallait faire une comparaison.

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A l'heure dite et très précisément, le convoi s'ébranla, faisant dégringoler du porte bagage quelques sacs mal harnachés. Et commença alors un drôle de ballet de vendeurs ambulants, qui ont du passer quelques centaines de fois tout au long du trajet, pour proposer fruits, journaux, plats chauds/froids, boissons, cigarettes et même des jeux pour les enfants, provoquant au passage hystérie et pleurs en pagaille.

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Au milieu des travées et de ce va-et-vient incessant, des VSS, voyageurs sans-siège, tentaient de garder un équilibre instable, le dos calé contre les séparations ou adossés aux portes, lorsqu'ils n'utilisaient pas leurs propres bagages comme tabouret de fortune. Mais dès qu'une place se libérait à la faveur de nos différentes escales, oubliant toute humanité, ils se livraient une bataille sans merci, pour se l'approprier, se jetant au besoin sur le siège, et les voisins au passage.


Sur mon fauteuil mi-mou que je ne quittais pas, je faisais face à un couple souriant qui grignota sans discontinuer l'équivalent d'un kilo de graines de courges au cours du trajet, les entassant dans un plateau sur notre table commune. A ma gauche, une grand-mère aux jours creusées et aux cernes appuyées essayait d'occuper trois enfants en bas âge qui, pieds, nus escaladaient les sièges et passagers environnants. Ce qui donna lieu à deux ou trois chutes entrecoupées de cris de la mamie excédée et des bambins fatigués.


J'arrivais finalement à bonne gare dans le sud de Hangzhou, gare que je retrouvais le surlendemain, toujours aussi encombrée mais dans une même ambiance joviale pour un retour des plus cocasses.


En avance, pour cette fois, j'attendais sagement l'ouverture du quai dans une salle d'attente bondée. J'observais et me sentais observée. L'heure fatidique du départ approchant, je vis se former progressivement une immense file d'attente anarchique devant les grilles du quai.


Ce n'est que dix minutes seulement avant le départ, que je me résolus à prendre part à cette agglutination, juste avant que les contrôleurs n'ouvrent les portes. C'est alors que dans un brouhaha et une agitation incompréhensibles, toute la file indienne se mit à avancer, puis au fur et à mesure, sans raison apparente, à courir en direction du quai.

 

Emportée par le mouvement, sans comprendre pourquoi ni comment, je me surpris à accélérer le pas puis dans le doute à prendre mes jambes à mon cou, pour aller attraper un train quai n°2.Sans plus réfléchir, je parcourais le tunnel, avalais les marches d'accès lorsque, prête à me jeter dans le premier wagon qui attendait, j'eus un moment de lucidité et regardais fort heureusement sa direction: Nánjīng 南京!


C'eût été une anecdote extrêmement piquante à raconter a posteriori mais sur le coup, j'évitais une nuit de galère et un voyage de 10 heures vers nulle part.Je n'eus cependant pas le temps de reprendre mon souffle que la course folle reprit avec l'arrivée du train pour Shanghai. Etant voiture 2 alors que je me situais à la 22, mon parcours n'était pas encore terminé. 

 

Au milieu des valises, avec ou sans roulettes, des cabas remplis de victuailles, des bébés bringuebalés portés par des mères au bord de l'asphyxie, je ralliais mon wagon, jetais ma valise sous mon siège et m'y affalais sans demander mon reste au milieu de chinois curieux de cette rouge frisée dont l'entrée fracassante les avaient tous fait taire.

 

Mon retour fut beaucoup plus pondéré avec l'équivalent d'un train corail qui me fit parvenir à Shanghai en un peu plus de 2 heures pour 200 kms. Un voyage qui fut express sans l'être finalement complètement...


 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 10:20

Je me balade souvent sur les avenues, le coeur ouvert à l'inconnu... Bon, ce ne sont pas les Champs Elysées de Joe Dassin bien évidemment, je ne dis ni bonjour à n'importe qui, ni n'importe quoi, quoique...

 

Pourtant, je dois en convenir, comme dans la chanson, mon séjour en Chine a été l'occasion de rencontres impromptues, de celles qui illuminent votre journée alors que les nuages pointaient à l'horizon. 

 

J'ai la chance lors de mes pérégrinations de faire la connaissance d'individus d'ici et de là, de nulle part et d'ailleurs, et de passer en leur compagnie des moments incroyables, inoubliables.

 

Parmi eux, certains m'ont touchée, m'ont émue plus particulièrement.

 

Ainsi, ce franco-phone et phile, croisé par hasard dans la rue lors de mon escapade à Suzhou, qui lit Mérimée dans le texte et fredonne Aznavour et Cabrel à l'envi: j'ai nommé Feng.

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Feng dans les jardins de l'Humble Administrateur de Suzhou

Ce directeur marketing polyglotte m'a conseillée sur les jardins à visiter, les lieux immanquables, partageant sa connaissance de la Chine et du chinois. J'échange depuis régulièrement avec lui par email des adresses de sites d'ebooks en français, des informations sur les cultures franco-chinoises, des photos...

 

Mais encore, pas plus tard que la semaine dernière, au cours de ma virée à Hangzhou, j'ai rencontré deux chinoises qui y passaient elles-aussi leurs vacances du Nouvel An: Sansan, volontaire dans l'auberge où je résidais, et Misma, dynamique shanghaienne.

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Sansan et Misma devant le Musée du Thé de Hangzhou

Tout est parti d'une simple discussion à la réception de notre hôtel. Misma m'a proposé de m'accompagner pour acheter une carte d'abonnement pour les vélov'lib' locaux, puis de fil en aiguilles, nous sommes parties avec sa colocataire éphémère Sansan faire un tour de la ville, au Musée, dans les champs de thé. Elles ont littéralement enchanté mon séjour.

 

Peut-être la plus fantasque et la plus improbable de mes rencontres est celle de ce grand Monsieur, qui se baladait lui aussi sur la Huai Hai lu 淮海路, le jour du Nouvel An Chinois.

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Nelson Mandela

Ce drôle de personnage en costume traditionnel chinois n'est autre que Nelson Mandela. Oui, oui, Nelson Mandela, et pour preuve, voici sa carte de visite:

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Excentrique, fier d'être chinois et aimant passionnément la Chine, cet ancien cadre commercial à l'international à Taiwan passe une retraite paisible à Shanghai, marchant et saluant fièrement les passants éberlués ce souvenir vivant des temps passés, poète et calligraphe à ses heures.

 

Feng, Misma, Sansan et Nelson, et bien d'autres ont partagé mon quotidien, m'ont montré un bout de leur Chine et m'ont permis de m'immerger encore plus dans ce pays si étonnnant.

 

Alors est-ce la Chine? Sont-ce les Chinois? Le fait d'être étranger 老外 lǎowài qui favorise ces rencontres? Sûrement la combinaison des trois, j'aime à le penser et relativiser ainsi l'individualisme et l'indifférence, contre lesquels je me suis déjà r-é-v-o-l-t-é-e et qui se voient ainsi battus en brèche.

 

Tout n'est pas rose, bien évidemment, et Joe ne pourra pas me contredire: en Chine comme partout, aux Champs Elysées, au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez...

 

Pada padada...


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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 09:40

Je ne pouvais pas partir dans une région nouvelle sans vous faire découvrir les mets locaux et même un peu plus...

 

La province du Zhejiang浙江 Zhèjiāng, regorge de spécialités et de savoir faire en lien notamment avec le thé Longjing dont je vous parlais dans mon précédent billet. Aussi est-il un ingrédient de bons nombres de plats dont les célèbres crevettes au thé éponym龙井虾仁 lóngjǐng xiārén.


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De fins crustacés, à la saveur délicatement relevée par une marinade de ce fâmeux thé, qui fondent en bouche. Un régal.

 

Mais il y est aussi servi une soupe des plus originales la soupe du Lac de l'Ouest 西湖纯菜汤 Xīhú chuncài tang avec des herbes du lac qui semblent être des Brasénia de Schréber, plantes d'eaux calmes et peu profondes.


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Vue de cet angle, cela a pu vous rappeler, comme à moi d'ailleurs, l'affreuse soupe du premier épisode d'Aventures Culinaires, Expériences Gustatives ACEG... Ne vous y laissez pas prendre! Tant la texture que la saveur sont étonnantes. Croquante par ses tiges, la Brasénia est entourée d'une fine pellicule autour de ses feuilles comme de la gelée mais le goût est complètement nouveau, ne se rapprochant d'aucun autre. A tester quoiqu'il arrive!

 

La riche terre de Hangzhou est elle-aussi exploitée pour la culture sous serres de fraises que les Chinois s'offrent en boites cartonnées ou en brochettes caramélisées.

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Pour les gourmands...

 

Des spécialités de gâteaux à base de noisettes, de cacahuètes et d'amandes pilés sur billot de bois par de larges masses sont aussi vendus dans les échoppes des rues commerçantes. 

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Impressionnantes dans leur confection, elles ont la lourdeur du marteau qui les a écrasées. Rappelant le nougat en plus compact, elles ont tôt fait de vous rassasier au bout du deuxième morceau!

 

Paradoxe du commerce en face de ce magasin, se trouve de marchands ambulants qui toute en légèreté et dans la simplicité la plus poétique, d'une main experte façonnent des véritables oeuvres devant un public conquis.

 

Des sucettes en caramel, fascinantes sculptures éphémères

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Des figurines en sucre soufflé, un travail de précision et de concentration 

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Savoir-faire ou art, peu importe en réalité, la gastronomie n'en a pas fini d'étonner.

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 12:30

Il était une fois dans l'Est, un lac.

 

Un immense lac, appelé le Lac de l'Ouest, entouré de montagnes à perte de vue où sont posés tours, pagodes, et temples par dizaines.

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Le Lac de l'Ouest vu de la Pagode Leifeng 雷峰塔 Léi Fēng Tǎ

 

Cet endroit s'appelle Hangzhou杭州, un lieu de villégiature très prisé des chinois, ce que je pus vérifier de mes yeux en ces vacances de Nouvel An: la moitié de la Chine s'y étant donné rendez-vous. L'affluence était maximale, les embouteillages monstres et l'agoraphobie presque inévitable.

 

Cependant cette ville a un je-ne-sais-quoi d'attachant, au milieu de ses quartiers refaits à neuf, de ces monuments démolis puis reconstruits: quelque chose de relaxant, de tranquille même au milieu du tumulte. Je me suis laissée prendre par le doux roulis du lac et de ses monts embrumés. Un petit coup de coeur.

 

La ville se découvre à pied, en bus, à vélo, bateau ou barque: le mode de locomotion est facile, même si les quelques premières minutes sont toujours surprenantes. J'ai ainsi pu tester les vélos en libre service d'Hangzhou


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Des "vélov'lib", un peu moins solides et sans vitesse, mais qui permettent de parcourir la ville en toute liberté, grâce à un maillage étendu de stations, et surtout de goûter aux sensations fortes de la conduite chinoise. Après quelques minutes, on prend vite le pli de faire soi-même n'importe quoi: slalomer entre les files, passer sur les trottoirs, prendre les rues à contresens, rouler au milieu des carrefours sans aucun scrupule.


 Ces deux roues vous permettent aussi de prendre la clé du champs et de partir à la découverte des monts qui bordent le lac, et plus particulièrement des cultures du thé qui fait la renommée de la région, le thé LongJing 龍井茶 lóngjǐngchá.

 

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 Le village de LongJing

Ce thé vert, à la saveur très prononcée, a comme particularité d'être séché non pas naturellement mais à la poêle, ce qui stoppe la fermentation naturelle et explique son goût. A déguster sans modération dans les nombreux salons de thé qui peuplent Hangzhou et tous les villages environnants qui tous vivent de la culture de ces précieuses feuilles.

 

Le sol de la région est en effet riche, gorgé d'eau, favorisant une végétation luxuriante au feuillage persistant: des arbres gigantesques et de magnifiques forêts de bambous

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Dans ce labyrinthe verdoyant, aucun bruit si ce n'est le chant des oiseaux. Un havre de paix qui laisse parfois émerger au détour d'un rocher des temples exhalant l'odeur entêtante de l'encens xiāng

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Temple sur la Montagne Baoshi au nord du Lac

 

C'est sur un nuage que je rejoignai la civilisation, faisant fi des regards insistants des grappes d'individus qui se pressaient sur les bords du lac. Ce qui dans d'autres circonstances m'aurait profondément déplu, je le prenais avec philosophie. Me laissant prendre en photo, provoquant torticolis et surprises, je fis le tour du lac attendant que le soleil se couche. 

 

Les yeux rivés vers l'Ouest, je suivais son lent et majestueux retrait, irrisé d'or et de pourpre, jusqu'à ce qu'il disparaisse dans les brumes du lac. 

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 04:44

Cela fait plusieurs semaines qu'il a fait son apparition, je le vois partout. C'est une véritable invasion.

 

Dans les rues:

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Dans des spectacles:

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Jusque dans mon assiette!

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Avec ses longues oreilles reconnaissables entre mille et ses grandes dents, le Lapin  [] est la nouvelle coqueluche des chinois, remplaçant, dans la valse des signes astrologiques, l'impétueux Tigre  [].

 

Symbole d'intelligence, de paix et de bonne santé, le léporidé présidera aux destinées de la Chine du 3 février 2011 au 22 janvier 2012 selon le calendrier lunaire.


Pour fêter son avènement, synonyme de chance, un concert d'explosions anarchiques s'est fait entendre dans la Métropole Shanghaienne et partout dans l'Empire du Milieu.

 

Le début des hostilités a commencé il y a quelques jours, mais leur apogée a eu lieu à la tombée de la nuit. Hommes, femmes, enfants, vieillards, nourrissons, tout le monde était dans les rues pour voir, entendre, et participer à cet immense son et lumière.

 

Pas de programme ou d'organisation cependant, chacun était maître de ces impressionnantes illuminations qui valent, pour certaines, les 14 juillet de respectables mairies françaises...

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Il faut dire que les arsenaux étaient constitués depuis quelques semaines, les armes choisies avec minutie dans des boutiques éphèmères ou des épiceries reconverties le temps du Nouvel An:

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L'enjeu est de taille: il faut faire le plus de bruit pour s'attirer les bonnes grâces du Lapin et éloigner les mauvais esprits. Les batailles entre quartiers, entre rues, voire entre voisins ont ainsi fait rage toute la nuit durant et ont repris ce matin très, voire trop, tôt...

 

Il n'y a pas de limite à cette pétarade ni de lieux, ni de moyens. Les fumigènes, les pétards, les mortiers, les fusées comme les feux d'artifices, qui seraient interdits à la vente en France, sont ici entre les mains d'enfants qui les manient avec dextérité dès leur plus jeune âge.

 

Rien ne semble pouvoir arrêter cette ferveur et cet engouement pour ce passage vers une nouvelle ère à grandes oreilles qui s'annonce pleine de promesses.


Pour ce premier jour de l'année, un beau ciel bleu irradié de lumière s'est emparé de Shanghai. Il y flotte un air d'accomplissement, de joie, et d'espoir. L'espoir d'une vie meilleure pleine de bonheur, de santé et de prospérité. 

 

Ce que je vous souhaite très sincèrement pour la seconde fois en un mois:

兔年新年快乐!

[tù nan xi nan kuai le]

 

Heureuse nouvelle année du Lapin!

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 14:33

Ce samedi, je me suis baladée.

 

Non loin de la Maison de Mao Tse-tung au nord de la Concession Française, pas particulièrement emballée par la perspective d'aller visiter cette antique demeure gardée en l'état tel un mausolée, je me suis égarée.

 

Ou plutôt, je me suis laissée aller.

 

Jusqu'à ce qu'au détour d'une rue, je m'arrête devant une échoppe.

 

Cela faisait plusieurs semaines que je passais devant ce type de magasins, qui vendent des Digital Versatile Disc, plus connus sous le nom de DVD.

 

Leur devanture ressemble à celle des loueurs disparus de cassettes vidéos en France: pleine d'affiches un brin décolorées des derniers films sortis, des étagères en pin bricolées à la va-vite où sont posées de fines pochettes mêlant films européens, asiatiques, séries et dessins-animés. Des classiques, des relativement récents, des navets, de tout.

 

Rien de bien méchant en soi au premier abord. Pourtant, je n'y étais jamais rentrée, le spectre de la contrefaçon m'ayant toujours fait passer mon chemin.

 

Quel était le fondement finalement de cette opinion? Déformation professionelle systématique et dangereuse? Une idée pour le moins contrefaite de la Chine? Décidée à mettre à bas mes potentiels stéréotypes, je franchissais, comme une habituée, le pas de porte.


A l'intérieur, des clients allaient et venaient, dans une lumière blanche et crue entre des rayonnages méticuleusement rangés, les bras chargés de ces pochettes plastifiées

 

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Je m'approchais du présentoir le plus proche et posais mon regard sur le première pochette venue. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir:


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Vous ne rêvez pas: c'est bien le DVD du Discours d'un roi sorti en Angleterre le 10 janvier dernier et qui sera sur les écrans français à partir de mercredi.

 

En Chine, sa programmation n'est même pas encore annoncée qu'il est déjà dans les bacs! Là, je dois dire que les bras m'en sont tombés. 

 

Mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Je continuais en effet ma plongée dans cet univers du non-droit d'auteur, faisant face à des blockbusters américains, des comédies parodiques et des films sentimentaux. Mais je trouvais aussi à mon grand étonnement des classiques chaplinesques, ou encore des Oncles adeptes de la gachette, mais aussi les clowneries d'un célèbre Rabbin jusqu'à l'oeuvre complète d'Eric Rohmer.

 

Abasourdie, je décidai néanmoins d'aller au bout de l'expérience et me dirigai vers la caisse avec le DVD susmentionné.

 

La vendeuse en me lançant son prix, cinglant, me donna le coup de grâce:

"元"

[she kuai]

 

Un peu moins d'1,20€...

 

Voici le coût d'un DVD en Chine, un DVD qui, après visionnage, a vraisemblablement été détourné de la société de production du film ainsi que le dénonce à trois moments un encart sur l'image. 

 

Ce samedi, je ne me suis finalement pas perdue.

 

Ce samedi, je me suis baladée encore et toujours sur les chemins de la contrefaçon. Cela deviendrait presque obsessionnel en Chine...

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 01:50

Hommage.

 

Red nous a quittés.

 

Poinsettia offert par mon sympatique propriétaire, il illuminait mon salon de son rouge vermillon, lui donnant un air de fête.

 

Il aura subi avec moi les frimas de l'hiver shanghaien, ses coups de blizzards qui ont pu balayer mon appartement chauffé par intermittences.

 

Ces intermittences, il ne les aura sans doute pas supportés.
 

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Red sur le déclin


Saluons néanmoins sa bravoure, sa ténacité et son courage.

 

Paix à ton âme, Red.


Red est mort, longue vie à Dafodile, mon nouveau colocataire!


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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 15:00

Cela faisait longtemps, trop longtemps.

 

Vous les attendiez, les voici, les revoilà: Aventures culinaires, expériences gustatives II, le retour.

 

Depuis  la fois dernière , il s'en est en effet passé des choses, des excellentes, comme des très mauvaises. Mais fidèle au précepte que je me suis fixée, celui de tout goûter, je n'ai jamais reculé, faisant honneur au plat quelqu'il soit.

 

Je n'ai en la matière qu'une limite: celle des espèces protégées. Aussi, ne vous en déplaise, seront bannis les ailerons de requins pourtant nombreux, les tortues bouillies et autres ragondins. Une liste non exhaustive il va s'en dire mais qui n'enlève finalement pas grand chose, tant la Chine recèle de nouveautés pour le palais occidental. 

 

Passons donc à table pour en avoir un petit aperçu.


Prenez place, une informelle mise en bouche est déjà servie:

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Un brin décevante, cette entrée en matière n'éveille pas les sens, ce n'est rien de le direMais baguettes en embuscade, piochons dans le tas pour extirper tant bien que mal ces sortes de tagliatelles ondulées et translucides de couleur jaune pâle.


En bouche, leur texture, froide, évoque les vermicelles, en plus croquante. Le goût peu prononcé est réhaussé par du piment qui vient vous chatouiller les narines. Ce n'est pas mal, voire même assez bon... la méduse! Héhé! ;)


Mais pas le temps de vous remettre de vos émotions, qu'arrive sur la table:

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Vu comme ça, il y a de quoi, soit partir en courant, soit rester bouche bée, soit se jeter dessus sans attendre. Personellement, j'ai choisi la troisième option.

 

A mieux y regarder, vous pourrez y voir un poisson dont la chair délicatement ciselée est un véritable régal: fondant dans la bouche, elle laisse exploser toute sa saveur grâce à une sauce aigre-douce extrêmement bien dosée. Avec un bol de riz et des pousses locales revenues au wok en guise d'accompagnement, le résultat est sensationnel!

 

Cette forme bizarre est due à une découpe minutieuse de l'animal qui après avoir été rétourné, est immédiatement frit et mis en sauce. Cela s'appelle un "poisson-écureuil" ”松鼠桂鱼 [song shu gui yu]. A dire vrai, je cherche toujours l'écureuil... si d'aventure quelqu'un le trouve...

 

Pour faire passer le tout, vous prendrez bien un dessert?

Laissez vous tenter! 

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Amenez à vos lèvres, une cuillerée de ce mélange étonnant et fermez les yeux. Faites se rencontrer la saveur du lait de coco avec la douceur de la mangue et l'onctuosité de billes de sagou. Un cocktail tout simplement divin, frais et goûtu, doux et fort à la fois, presque sensuel.

 

Vous voici repus du moins je l'espère. Encore qu'il reste sur la table cette petite boule rose:

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Qu'est-ce donc?


Réponse la semaine prochaine!

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 16:18

N'y allons pas par quatre chemins, aujourd'hui nous allons filer droit.

 

Pas de marche militaire ou de garde-à-vous, et pourtant je vais vous y mener à cet ustensile indispensable à toute vie gastronomique en Chine:

la baguette ou 筷子 (kuàizi [kuai tze]).

 

Ce bâtonnet longiligne est LE couvert asiatique par excellence, se déclinant dans toutes les formes, longueurs et dans toutes les matières. Mais qu'elle soit ronde ou carrée, en bois, en plastique ou en métal: une constante reste, sa difficile maniabilité par les adeptes du couple couteau/fourchette.

 

Les baguettes ne se laissent en effet pas facilement dompter. Rares sont ceux qui, du premier coup, arrivent à attraper le moindre aliment. Car, dès le premier essai et les quelques suivants, d'un de leur coup magique dont elles ont le secret, les baguettes changent un repas classique en un festival acrobatique de hautes volées. Entre double saltos de raviolis vapeur et autres jetés de riz pimenté, lorsque ce ne sont pas les baguettes, elles-mêmes, qui se font la malle, les déjeuners de novices peuvent tourner au pugilat alimentaire.


Ce spectacle humoristique fera la joie de vos voisins de table et serveurs qui auront scruté avec curiosité vos premières bouchées, le regard mi-amusés mi-compatissants, prêts à intervenir aux premiers signes de détresse, fourchette ou cuillère de secours à la main.

 

Mais la prochaine fois, vous refuserez bien aimablement et montrerez à votre public une tenue parfaite et une dextérité qui les laisseront pantois. 

 

Pour ce faire, trois étapes au bon maniement de ce vulgaire bout de bois sont indispensables :


- la première: prendre une baguette dans votre main la plus adroite ou à gauche, et la poser, entre le pouce et l'index, sur votre majeur (ou variante en la maintenant avec votre annulaire):

 

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- La deuxième étape: prendre la seconde baguette et la tenir fermement entre le pouce et l'index:

 

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- La troisième et non la moindre: manoeuvrer la baguette du dessus comme une pince pour prendre les aliments:

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e7/Use_of_chopsticks.gif

 

La théorie est facile mais l'art des baguettes est difficile, semé d'embûches techniques mais aussi d'us et de coutumes.

 

Ainsi ne jamais ô grand jamais, planter devant un chinois, ses baguettes dans un plat. Ce geste rappelant les bâtons d'encens honorant les morts est particulièrement irrespectueux. Attention aussi aux baguettes n'ayant pas la même taille, elles signifient que vous allez rater un train ou un avion! L'avenir en Chine tient à bout de baguette!

 

Mais, petit à petit, au fur et à mesure de leur utilisation quotidienne, vos baguettes deviendront comme une extension de votre bras, attrapant avec virtuosité vos aliments préférés, tout en jouant la symphonie des saveurs en la majeur. Vous en oublierez presque vos couverts occidentaux, dont l'usage pour manger nouilles et riz vous semblera complètement absurde.

 

Mais surtout, soyez humbles! La confiance et le triomphalisme ne riment pas avec lesdites spatules qui auront tôt fait de vous rappeler à l'ordre, d'une chute impromptue de dumpling dans la sauce soja.

 

Alors heureux propriétaire d'une reproduction monochrome de Pollock sur votre belle chemise blanche, vous aurez compris la philosophie de la baguette qui pourrait se résumer en un seul mot: simplicité.


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